Dans quelle mesure le contrôle interne impact-il la performance organisationnelle des DPA de la région Marrakech-Safi ?

 Ø  Les questions de recherche :

1.      Dans quel degré un système de contrôle interne impact-il l’efficacité financière ?

2.      Dans quelle mesure un système de contrôle interne rigoureux influence-t-il l’efficience et l’efficacité opérationnelle ?

3.      Dans quel degré un système de contrôle interne performant affect-il le degré de conformité aux lois et règlement ?

Ø  Les hypothèses :

HG : Le contrôle interne aurait un impact positif sur la performance organisationnelle

SH1 : Le contrôle interne aurait un impact positif sur l’efficacité financière.

SH2 : Le contrôle interne aurait un impact positif sur l’efficacité et l’efficience opérationnelle.

SH3 : Le contrôle interne aurait un impact positif sur le niveau de conformité aux lois, règlements et procédures interne.

 Epistémologie

Plusieurs auteurs spécialistes de la méthodologie de recherche se sont accordés sur l’importance de positionner, sur le plan épistémologique, toute recherche scientifique effectuée par un chercheur.

(Chalençon, 2017) indique que La démarche épistémologique constitue un passage obligé pour tout chercheur désireux de mener une investigation rigoureuse : elle fonde en effet la validité et la légitimité de l’étude. Toute recherche s’appuie sur une conception particulière du monde, mobilise une méthode précise et génère des résultats destinés à prédire, prescrire, comprendre, construire ou expliquer. Clarifier les présupposés du chercheur revient donc à contrôler le parcours scientifique entrepris et à renforcer la solidité des connaissances qui en découlent.

(Borges & Karyotis, 2013) affirment que la réflexion épistémologique sert à préciser le cadre conceptuel de la connaissance qui sous-tend la recherche ainsi que la portée attendue des savoirs qu’elle produira.

Le positionnement épistémologique ne se restreint donc pas seulement à une réflexion relative à la méthodologie, mais ambitionne plus largement de déterminer le socle conceptuel de la connaissance de la recherche et ainsi de justifier les connaissances élaborées. En effet, la méthodologie est généralement définie comme étant « l’étude des méthodes destinées à élaborer la connaissance, elle apparait comme l’un des volets de l’épistémologie » (Girod-Seville & Perret, 1999).

(Girod-Seville & Perret, 1999) différencient trois grandes familles de paradigmes épistémologiques, à savoir: Le positivisme, l’interprétativisme et le constructivisme.

Notons qu’un paradigme désigne une constellation de croyances, valeurs et techniques partagées par une communauté donnée.

Pour (Borges & Karyotis, 2013), un paradigme correspond au référentiel conceptuel qui, à une période donnée, détermine la manière dont une discipline formule ses questions et construit ses réponses.  La notion de paradigme comprend trois éléments à savoir :

-L’élément ontologique : question au sujet de la nature de la réalité, de ce qui peut être connu.

-L’élément épistémologique : type de relation entre le chercheur et ce qui peut être connu.

-L’élément méthodologique : modalités d’acquisition de la connaissance, itinéraire de recherche.

Les trois paradigmes épistémologiques suscités constituent un cadre de référence aidant le chercheur à structurer sa pensée, à assurer la cohérence de ses travaux et à fournir une explication adéquate de la réalité recherchée par ce dernier.

Le tableau ci-après illustre une comparaison entre ces trois paradigmes :

Tableau: Les trois paradigmes (positivisme, interprétativisme, constructivisme)

 

Paradigme

Positivisme

Interprétativisme

Constructivisme

 

 

Nature de la réalité

Les phénomènes existent. Les données sont objectives. Le monde est fait d’obligations (selon l’hypothèse déterministe).

Les phénomènes sont interprétés.

Les données sont subjectives.

 

Tout est construit.

Le monde est fait de poss ibilités (selon l’hypothèse intentionnali ste).

Statut de la connaissance

L’environnement est connaissable. La connaissance est indépendante du chercheur.

La réalité existe en tant que telle (Selon l’hypothèse ontologique).

Il y a interaction entre le chercheur et l’objet de recherche.

Ces interactions sont à la  base de la connaissance.

Le phénomène est insépa rable du sujet qui l’étudie (Selon l’hypothè se phénoménologique).

Origine de la connaissance

Le chercheur observe la réalité.

Le chercheur a vécu certaines expériences et démontre de l’empathie.

Le chercheur construit la réalité.

Objectif de la recherche

Découvrir la structure de la réalité

Interpréter la connaissance

Construire ou transformer la connaissance.

Nature de l’objet de recherche

Interrogation des événements

Compréhension de

l’intérieur d’un phénomène.

Développement d’un

projet de connaissance.

Source : (Borges & Karyotis, 2013)

Le tableau ci-dessus, indique qu’il existe trois grands paradigmes épistémologiques cités comme suit : le positivisme, l’interprétativisme et le constructivisme.

Le paradigme positiviste requiert une indépendance totale du sujet par rapport à l’objet étudié, c’est le principe de l’objectivité où le chercheur observe un élément sans pouvoir le modifier.

Ainsi, la science permettrait d’observer une réalité qui est indépendante du regard que lui porte l’observateur et qui est réduite aux faits observables et mesurables (Thiétart, 2003).

Dans les deux autres paradigmes, à savoir le constructivisme et l’interprétativisme, il existe une interaction entre le sujet et l’objet de recherche ce qui rend la connaissance produite subjective.

Notons que le positivisme a pour objet d’expliquer la réalité, l’interprétativisme de la comprendre et le constructivisme de la construire.

Le schéma ci-après indique la place du chercheur par rapport à l’objet de recherche pour les trois paradigmes cités plus haut.

 Figure: La place du chercheur par rapport à l’objet de recherche

 

 

Source : (Borges & Karyotis, 2013)

 

A la lecture de ce schéma, nous pouvons affirmer que chacun des paradigmes évoqués cidessus donne des arguments solides pour sa défense. Cependant, c’est au chercheur de faire le choix de son positionnement par rapport à sa recherche.

Pour notre part, nous allons expliquer ci-dessous le positionnement épistémologique retenu pour les besoins de notre recherche. 

En effet, en nous appuyant sur les données du tableau comparatif et sur celles du schéma cidessus, nous avons adopté dans cette présente recherche un positionnement constructiviste. Notre étude s’inscrit dans un projet dont la finalité première est de mettre en évidence — et de renforcer — le rôle du contrôle interne dans l’amélioration de la performance organisationnelle des Directions Provinciales de l’Agriculture (DPA) de la région Marrakech-Safi. Ce positionnement épistémologique constructiviste découle du fait que nous cherchons avant tout à expliquer les mécanismes à l’œuvre (comment et pourquoi le contrôle interne influe sur l’efficacité, la conformité et la performance financière), plutôt qu’à établir des modèles prédictifs universels.

 

Tout au long de la recherche, la connaissance a été co-produite dans un va-et-vient constant entre le terrain (entretiens auprès des responsables de cellules contrôle interne, chefs de service, comptables, etc.) et la littérature de référence (COSO, 2013; INTOSAI, 2010). Cette interaction itérative a permis d’affiner nos catégories d’analyse, de confronter nos premières interprétations aux pratiques réelles et de faire émerger des explications contextuelles robustes.

Notre ancrage constructiviste se justifie, comme le recommandent (Girod-Seville & Perret, 1999), autour de trois axes :

·         Nature de la réalité étudiée : la performance organisationnelle n’est pas une entité fixe ; elle se construit à travers les pratiques quotidiennes, les outils (GID, matrices Excel) et la culture de contrôle interne propres à chaque DPA.

·         Relation sujet–objet : le chercheur n’est pas extérieur au phénomène ; son interaction avec les acteurs (directions, cellules CI) façonne et enrichit la compréhension de la réalité observée.

·         Critères de validité de la connaissance : nous retenons l’adéquation (les résultats doivent rendre compte fidèlement des situations locales) et l’enseignabilité (les recommandations doivent être transférables et utilisables par les DPA) comme principes directeurs de la validation scientifique.

Ainsi, la connaissance produite est envisagée comme une construction contextualisée, destinée à guider l’action managériale et à alimenter la réflexion des décideurs publics soucieux d’optimiser le contrôle interne au service de la performance.

1.1- Nature de la réalité étudiée 

Dans le paradigme épistémologique constructiviste, l’élaboration de la connaissance est perçue comme un processus intentionnel de construction de représentations éprouvées par l’expérience. Ces représentations sont censées être fonctionnellement adaptées au but pour lequel elles ont été élaborées. Ainsi, la connaissance dans le paradigme constructiviste a le statut d’hypothèses plausibles adaptée à l’expérience des sujets qui l’élaborent. 

Cette connaissance ne s’exprime pas sous la forme de théories prédictives ni de règles normatives à suivre impérativement. Elle est plutôt à utiliser comme un guide pour encourager la réflexion, éclairer des situations problématiques, et/ou stimuler l’action créative en orientant vers des pistes potentielles pour atteindre certains buts (Gavard-Perret & al., 2018).

Pour (Largeault, 1993)un objet existe si on est capable de le construire, d’en exhiber un exemplaire ou de le calculer explicitement ».

Le constructivisme considère que la science ne saurait poursuivre un objectif de connaissance de la réalité d’une part et que cette réalité n’est pas indépendante du chercheur d’autre part.  La recherche de lois explicatives du fonctionnement des phénomènes tant naturels que

sociaux, la volonté d’approcher l’essence même de la réalité sont dépassées au profit d’une attention plus marquée à la construction de la connaissance (Charreire Petit & Huault, 2001).

Ainsi, le rejet de l’hypothèse ontologique qui renvoie à la «réalité du réel » ou à la « naturalité de la nature », constitue à la fois l’un des éléments constitutifs du constructivisme et une ligne de démarcation nette avec les positivistes (Le Moigne, 1990).

Pour résumer, nous pouvons affirmer que dans le constructivisme, la réalité est considérée comme étant inconnaissable de son essence, parce qu’inatteignable directement par le chercheur. La connaissance est donc indissociable du chercheur et de son action.313

1.2- La relation sujet- objet de recherche 

Dans l’acception constructiviste, le primat est désormais accordé à l’interaction entre l’objet et le sujet et aux modalités d’élaboration des connaissances par le chercheur.

Selon (Girod-Seville & Perret, 1999), il existe une dépendance du sujet et de l’objet.

Pour ces mêmes auteurs, la réalité reste inconnaissable dans son essence puisque l’on n’a pas la possibilité de l’atteindre directement mais seulement à travers nos expériences et nos représentations du monde. Ces deux auteurs émettent une hypothèse relativiste en considérant que la réalité n’existe pas en tant que telle mais qu’il est toutefois possible de se la représenter, de la construire ou de l’interpréter. 

Ces auteurs vont donc s’intéresser en priorité au lien entre la réalité, l’esprit, la conscience et le chercheur, d’où une logique d’interdépendance entre ces éléments pour aboutir à la connaissance.

Par ailleurs, l’auteur Piaget explique que la connaissance scientifique est co-construite. Il met en évidence l’activité du sujet qui s’appuie sur l’objet, la connaissance du sujet relèvant alors d’une construction continuelle (Charreire Petit & Huault, 2001).

En effet, les constructivistes considèrent que le chemin vers la connaissance implique nécessairement une participation à la construction de la réalité. Cette conception de la construction de la connaissance est partagée par d’autres auteurs comme Piaget qui indique que la connaissance n’est pas seulement un résultat mais un processus (Pottiez, 2011).

1.3- Les critères de validité de la connaissance

La validation constitue un impératif de tout processus scientifique car elle s’appuie dans une perspective constructiviste sur des critères spécifiques.

Parmi les critères de validité de la connaissance proposés par les constructivistes, nous

retrouvons notamment, l’adéquation (à la situation) et l’enseignabilité (adéquation à des finalités de chercheur) (Girod-Seville & Perret, 1999).

Le critère d’adéquation considère qu’une connaissance est « adéquate » si elle suffit, à un moment donné, à expliquer ou à maîtriser suffisamment clairement une situation. Cependant, le degré d’adéquation demeure à l’appréciation du chercheur, seul véritable expert sur le terrain. 

La validation du processus de recherche nécessite une activité perpétuelle à travers laquelle le chercheur est confronté à des situations dont il lui faut toujours re-créer le modèle, pour en tester ensuite la pertinence. 

De ce fait, la réalité construite par l’expérience que le chercheur retire du terrain est le résultat d’une interprétation strictement conjecturelle.

Par ailleurs, le critère d’enseignabilité signifie que la connaissance produite doit être transmissible. De ce fait, toute connaissance est construite de manière projective et l’analyse de la démarche pédagogique adoptée constitue ainsi un élément central dans l’appréciation des résultats obtenus. 

Pour conclure, nous pouvons donc affirmer que le constructivisme a pour projet de comprendre et d’expliquer comment les objets se structurent à travers une construction interactive entre le sujet et l’objet. 

Selon les auteurs Hudson et Ozanne, la connaissance produite dans le constructivisme se distingue par des caractéristiques contextuelles et temporelles (Borges & Karyotis, 2013).

Le tableau ci-après synthétise les éléments structurant le paradigme constructiviste :

Tableau: Les principaux éléments du constructivisme

 

Les questions épistémologiques

Le constructivisme

Quel est le statut de la connaissance

Hypothèse relativiste, l’essence de l’objet ne peut être atteinte (constructivisme modéré) ou n’existe pas (constructivisme radical)

Quelle est la nature de la réalité

Dépendance du sujet et de l’objet hypothèse intentionnaliste Le monde est fait de possibilités

Comment la connaissance est-elle engendrée

La construction

Recherche formulée en termes de « pour quelle finalité »

Quelle est la valeur de la connaissance Quels sont les critères de validité

Adéquation

Enseignabilité

 

Source : (Girod-Seville & Perret, 1999)

 

2-   Le mode de raisonnement

Il existe plusieurs modes de raisonnement qui parfois découlent du paradigme. On recense trois démarches à savoir (Borges & Karyotis, 2013):

2.1-  La déduction : 

On formule des hypothèses. Si celles-ci sont vraies, alors la conclusion est vraie. Le chercheur ou l’étudiant énonce des postulats, teste ces hypothèses pour les valider.

 


2.2-  L’induction : 

On vérifie une relation sur des exemples concrets puis on la suppose vraie pour toutes les observations à venir. On détermine une base de connaissances permettant d’expliquer des éléments observés.

Ainsi, le chercheur observe des éléments puis formule des hypothèses pour envisager ou prévoir des situations nouvelles. On va du cas particulier vers une généralisation. 

2.3-  L’abduction : 

On observe des phénomènes et on en tire une explication. On détermine ainsi des explications possibles pour des faits qu’on a observés.

Le chercheur formule des conjectures après avoir observé des éléments, teste ces conjectures pour les discuter. Pour notre part, nous avons adopté dans ce travail de recherche une démarche abductive qui est largement répandue dans les travaux de recherche se positionnant dans le paradigme constructiviste (Grabsi & Moussaoui-Salm, 1997).

Rappelons que l’objectif de notre recherche consister à explorer un contexte à travers nos différentes observations. L’exploration est de ce fait la voie de cette présente recherche.  En effet, après avoir procédé à notre revue de la littérature autour du tourisme, nous avons effectué plusieurs allers-retours entre la théorie et le terrain. 

Selon (Velmuradova, 2004), l’exploration hybride articule en permanence observation et théorie : le chercheur alterne allers-retours entre le terrain et les cadres conceptuels. Cette dynamique, de nature abductive, vise à forger des modèles théoriques ancrés dans un réalisme robuste.

Ainsi, dans un premier lieu, nous avons rassemblé l’ensemble des concepts théoriques issus de la revue de la littérature, s’articulant autour notre objet de recherche à savoir le marketing touristique. 

En second lieu, nous nous sommes appuyés sur ces concepts théoriques afin de donner un sens à nos observations empiriques en procédant à de fréquents allers-retours entre les observations recueillies à travers notre étude empirique et la théorie. 

Cette démarche de la construction de la connaissance peut être qualifiée d’abductive et concorde avec les objectifs de notre recherche.

Ainsi nous pouvons confirmer que notre démarche est en adéquation avec les idées de (Thiétart, 2003) qui pense que lorsqu’il cherche à découvrir, le chercheur privilégie généralement une logique inductive ou abductive ; lorsqu’il veut plutôt mettre à l’épreuve des hypothèses, il se tourne alors vers une démarche déductive». Pour conclure, nous pouvons affirmer que les choix méthodologiques dérivent de la position épistémologique occupée par notre travail de recherche. Ainsi, cette sous-section nous a permis de mettre en exergue à la fois notre positionnement épistémologique ainsi que notre mode de raisonnement à travers l’adoption du mode de raisonnement déductif.

Section 3 : Méthodes de collecte et d’analyse des données

L’objectif principal est à la fois justifié le choix des méthodes employées pour la collecte et l’analyse des données de notre étude. En accord avec notre paradigme post-positiviste et notre approche hypothético-déductive, nous avons opté pour une méthodologie mixte (qualitative et quantitative) afin d’examiner l’effet du contrôle interne sur la performance organisationnelle au sein des Directions Provinciales de l'Agriculture de la région Marrakech-Safi.

Cette approche nous permet de combiner la profondeur analytique de la méthode qualitative avec la rigueur statistique de la méthode quantitative, assurant ainsi une meilleure triangulation des données et une validation robuste des résultats (Creswell, 2014).

3.1. Justification des choix méthodologiques:

L'adoption d'une méthodologie mixte repose sur plusieurs considérations théoriques et méthodologiques. En effet, selon Johnson et Onwuegbuzie (2004), cette approche permet de dépasser les limites des méthodes exclusivement qualitatives ou quantitatives, offrant ainsi une compréhension plus approfondie du phénomène étudié.

La méthode qualitative est une approche est particulièrement pertinente pour explorer la perception et l'expérience des acteurs impliqués dans le contrôle interne au sein de l’ensembles des DPA de la région Marrakech-Safi. Grâce à des entretiens semi-directifs, nous cherchons à comprendre comment ces acteurs appréhendent les effets du contrôle interne sur la performance organisationnelle.

La méthode quantitative facilite l’objectivation et la mesure empirique des relations entre les différentes variables de notre étude grâce à des analyses statistiques, notamment en utilisant la méthode …………..(Hair, Ringle & Sarstedt, 2017).

Ce choix s’inscrit également dans une démarche hypothético-déductive, où nous formulons des hypothèses basées sur la littérature avant de les tester sur les résultats qualitatifs et un ensemble de données quantitatives. Cette approche s’aligne avec les principes du positivisme, qui privilégie une explication causale des phénomènes organisationnels (Bryman, 2012).

3.2. Méthodologie de la partie qualitative de l'étude

 

3.2.1. La méthode adoptée pour le recueil des données qualitatives 

L'étude qualitative a été conduite selon une approche compréhensive visant à explorer en profondeur la mise en œuvre du contrôle interne dans les Directions Provinciales de l’Agriculture (DPA) de la région Marrakech-Safi. Elle s'inscrit dans une logique de recherche qualitative inductive (Paillé & Mucchielli, 2012), permettant de recueillir des données empiriques riches et nuancées sur les pratiques, perceptions et enjeux liés au contrôle interne dans les structures déconcentrées.

Pour la collecte des données qualitatives, il existe une multitude de méthodes pour le recueil regroupées dans les quatre grandes familles suivantes (Jolibert et Jourdan, 2011) :

o   L’entretien individuel : directif, semi directif et non directif ;

o   La réunion de groupe : focus groupe, mini groupe, groupe de créativité, groupe nominal et groupe Delphi ;

o   L’observation : simple, appareillée, achat fictif et méthode des protocoles ;

o   Les techniques projectives : associations, compléments de phrases/de récit, analogies, aperceptions thématiques, jeux de rôles et utilisation des arts plastiques.

Le choix d’une méthode dépend de plusieurs critères tels que l’objectif de l’étude, l’information recherchée, le sujet, les contraintes budgétaires, les délais, l’expertise de l’enquêteur etc (Jolibert et Jordan, 2011).

Dans le cadre de notre travail, nous avons utilisé des entretiens individuel semi-directifs. L'option choisie repose essentiellement sur l'objectif de l'étude qualitative, qui vise à valider notre revue de littérature dans le cadre marocain, notamment le secteur public. (Guba et Lincoln, 1994 ; Teagarden et al., 2018 ; Mack et al., 2005 ; Mason, 2013 ; Miles et Huberman, 1994). Etant donné que nous avons estimé que l'emploi des trois autres techniques ne convenait pas à notre analyse qualitative de contextualisation. Effectivement, lors d'une réunion de groupe, l'avis individuel peut être influencé par la perspective dominante des autres participants (Aaker et al, 1995). L'observation comporte plusieurs contraintes, notamment les défis associés à l'interprétation des données et la complexité des moyens nécessaires à sa réalisation (Aaker et al, 1995). En outre, cette approche se distingue par des temps d'attente prolongés lors de la collecte et de l'analyse des données (Aaker et al, 1995). Pour finir, les techniques projectives utilisent un mode de questionnement indirect (Jolibert et Jourdan, 2011). Cette méthode est plus pratique pour éviter les barrières psychologiques qui empêchent la personne interrogée d'exprimer les éléments inconscients de ses comportements (Webb, 2002), ses points de vue ou ses émotions (Gavard-Perret et al, 2018).

L’entretien semi directif est un échange interactif dans lequel la personne interrogée répond quasi librement à un guide avec des thèmes précis (Gavard-Perret et al, 2018). Dans notre cas, les sujets du guide d’entretien sont les composantes du contrôle interne (l’environnement de contrôle, l’évaluation des risques, les activités de contrôle, l’information et la communication et finalement le pilotage) et la performance organisationnelle en intégrant le processus des marchés publics comme un cas a étudié. De plus, contrairement à l’entretien directif qualifié « rigide » ou à l’entretien non directif jugé comme « vague », l’entretien semi directif présente un minimum de souplesse et de fluidité tout en préservant les thèmes de l’échange, ce qui permet de mieux appréhender les idées du répondant (Gavar-Perret et al, 2018 ; Berg et Lune, 2017).dans certains cas, l’interrogateur peut demander plus de détails sur les thèmes de l’entretien, cela favorise plus d’échange et par conséquent une meilleure qualité informationnelle (Gideon et Moskos, 2012).

3.2.2. La préparation du guide d’entretien pour le recueil des données :

Le guide d’entretien est un outil qui permet d’organiser les échanges entre l’enquêteur et l’enquêté à travers les thèmes choisis. Ce document est nécessaire afin de ne pas dévier les discussions vers des sujets contraires à l’objectif de la recherche, tout en laissant une marge de liberté d’expression pour le répondant (Given, 2008 ; Gideon et Moskos, 2012).

Afin d’élaborer notre guide d’entretien, nous nous sommes d’abord référés au corpus théorique établi dans le deuxième chapitre de la première partie. Cela est cohérent avec l’objectif de notre étude qualitative qui est la contextualisation de notre revue de littérature, notre positionnement épistémologique post positiviste et notre mode de raisonnement hypothético déductifs. Ainsi les thèmes abordés était basé sur les cinq composantes de contrôle interne selon le référentiel COSO 2013 et les questions sont élaboré en fonction des principes de chaque composante qui constitue le socle d’une application rigoureuse et efficace du dispositif de contrôle interne pour améliorer la performance organisationnelle des administrations publiques marocaines.

3.2.3. Échantillonnage et population cible

 

L'échantillon retenu repose sur une stratégie d'échantillonnage par choix raisonné (purposive sampling), centrée sur les agents disposant d'une expérience directe dans la gestion des marchés publics et la mise en place des dispositifs de contrôle interne. Au total, 12 entretiens semi-directifs ont été réalisés dans cinq DPA : Safi (4 répondants), Chichaoua (2), Essaouira (2), Marrakech (2) et Rehamna (2). Les profils sont variés en termes de fonctions (chefs de service, responsables de cellules, responsables de bureau) et de niveaux académiques (Master, Licence, Technicien supérieur), permettant un croisement des perspectives.

 

3.2.4. Outils et techniques de collecte des données

 

Les données ont été collectées au moyen d’entretiens semi-directifs, conduits à l’aide d’un guide thématique construit sur la base du modèle (COSO, 2013), qui identifie cinq composantes du contrôle interne : environnement de contrôle, évaluation des risques, activités de contrôle, information et communication, et pilotage/suivi. Le guide abordait également des dimensions transversales telles que la digitalisation, la formation, la culture éthique, et l’implication managériale. Les entretiens ont été enregistrés avec le consentement des participants, puis retranscrits intégralement.

3.2.5. Critères de sélection des participants 

L’objectif principal de l’échantillonnage dans le cadre de cette recherche qualitative est d’identifier et de sélectionner des participants capables de fournir des informations pertinentes et diversifiées sur le phénomène étudié dans notre recherche. Cette approche vise à garantir une compréhension approfondie et nuancée du sujet, en s’appuyant sur des expériences et des perspectives variées.

Pour assurer la fiabilité et la pertinence des informations collectées. Nous avons opté pour la réalisation d’entretiens semi-directifs avec des responsables au sein des DPA de la région Marrakech-Safi, ils sont sélectionnés selon leur expérience dans le domaine du contrôle interne et de gestion du processus des marchés publics. Cela garantira que les interviewés comprennent les spécificités et les défis du secteur dans le contexte local. Le guide d'entretien employé pour cette étude est disponible dans l'annexe 1.

Les participants ont été sélectionnés selon une méthode d’échantillonnage raisonné (ou théorique), en fonction de leurs niveau intellectuel, le poste occupé, et l’expérience dans le domaine étudie de notre recherche (instauration des principes de contrôle interne et son influence sur l’optimisation de la performance organisationnelle au sein des DPA. Ces critères ont été définis en lien avec les objectifs de la recherche, afin d’assurer la pertinence des données collectées. La diversité des profils a été recherchée pour enrichir l’analyse et éviter les biais liés à une homogénéité excessive des participants.

3.2.6 Déroulement des entretiens :

Selon l’objectif de contextualisation de notre revue de littérature, nous avons essayé d’approcher la population concernée d’une façon directe. Pour cela, nous avons choisi de soumettre notre guide d’entretien aux administrateurs issus des directions provinciales de l’agriculture au niveau de la région Marrakech-Safi à savoir les DPA de Safi, Marrakech, Rehamna, Essaouira, et Chichaoua. Tout d’abord, nous nous sommes présentés aux directeurs provinciaux de chaque DPA afin de nouer un premier contact es avoir leurs accords pour interviewer les responsables administratifs concernés. De plus nous avons présenter notre engagement que toutes les réponses seront utilisé uniquement pour un but académique ainsi que Le consentement éclairé a été obtenu pour chaque entretien.

Les participants ont été recrutés par le biais de réseaux professionnels, Les entretiens semi-directifs sont généralement conduits en face à face, dans un lieu calme et confortable pour le participant, c’est la raison pour laquelle les entretiens se sont déroulés dans les locaux des DPA de chaque province avec une durée moyenne de 47 minutes.

Afin de veiller au respect déontologique et avoir une transcription fidèle, nous avons demandé au début de chaque interview au responsables administratifs l’autorisation d’enregistrer l’entretien. La transcription intégrale est ensuite utilisée pour l'analyse qualitative.

3.2.7. Caractéristiques des répondants de l’étude qualitative :

Conformément aux recommandations de Guba et Lincoln (1994), l’adoption d’un positionnement épistémologique post positiviste permet au chercheur d’utiliser une étude qualitative afin de contextualiser sa revue de littérature. Suivant cette approche nous avons jugé nécessaire d’analyser le niveau d’implication des DPA dans l’instauration des principes de contrôle interne pour améliorer la performance organisationnelle.

Dans les études qualitatives, l’échantillon est généralement restreint (Miles et Huberman, 1994). D’autant plus qu’aucune taille minimale n’est exigée, cela dépend principalement du cadre conceptuel et de l’objectif de l’étude (Miles et Huberman, 1994). Dans notre recherche, nous avons mené nos entretiens semi directifs en appliquant le principe de saturation qui stipule qu’après un certain nombre d’interview, les données recueillis sont redondantes (Fusck et Ness, 2015). En d’autres termes, le principe de saturation indique que les entrevues ne donnent plus de nouvelle données, les répondants ne font que relater ce qui a été dit auparavant (Fusck et Ness, 2015). Au final le critère de saturation a été atteins avec 12 entretiens semi directifs.

Par rapport aux caractéristiques des responsables administratifs issu des différentes DPA de la région Marrakech-Safi, nous avons essayer de diversifier les profils. Cela permettra d’obtenir plus de pertinence et de représentativité et par conséquent une meilleure contextualisation de notre problématique ainsi que nos hypothèses de recherche. Afin y arriver, nous nous sommes basés sur plusieurs critères tel que le sexe, le niveau intellectuel, le poste occupé ainsi que le niveau d’expérience.

Le tableau ci-après présente les caractéristiques de chaque interviewé :

Les caractéristiques des responsables administratifs interviewés

DPA

Interviewé

Sexe

Poste

Niveau intellectuel

Safi

Interviewé 1

 

Responsable de la cellule de contrôle interne

Master Spécialisé en Economie Spatiale et Gouvernance Territoriale

Interviewé 2

 

Chef de service de la mise en œuvre des projets des filières agricoles (SMOPFA).

Ingénieur d’Etat en agronomie

Interviewé 3

 

Responsable de bureau de la comptabilité

Technicien spécialisé en horticulture

Interviewé 4

 

Responsable de bureau de marché

Technicien spécialisé en développement informatique

 

Rehamna

Interviewé 5

 

Responsable de la cellule de Contrôle Interne

Licence en gestion financière et comptable

 

Interviewé 6

 

Chef de service Support

Technicien spécialisé en agronomie

Essaouira

Interviewé 7

 

Chef de service SMOPFA

Ingénieur d’état en agronomie

 

Interviewé 8

 

Chef de service support et responsable de la cellule Contrôle Interne

Master en Audit et Contrôle de Gestion

Marrakech

Interviewé 9

 

Responsable de la cellule de contrôle interne et chargé de bureau de la comptabilité

Licence en gestion et administration des entreprises

Interviewé 10

 

Chef de service de la mise en œuvre des projets des filières agricoles (SMOPFA)

Ingénieur d’Etat en agronomie

Chichaoua

Interviewé 11

 

Responsable de bureau de marché

Master en comptabilité, contrôle et audit

Interviewé 12

 

Responsable de la cellule Contrôle Interne

 

 

Source : Analyse sous la base de nos données

 

3.2.8. Traitement et analyse des données

Les données ont été traitées à l’aide du logiciel NVivo, qui a permis une codification thématique et une analyse de contenu à la fois déductive et inductive (Bardin, 2013). Une grille de codage inspirée des cinq composantes du COSO a servi de structure initiale, enrichie par des catégories émergentes issues du terrain (comme la difficulté d’accès à l’information ou l’absence de comités locaux). Les fréquences d’apparition ont également été exploitées pour identifier les DPA les plus avancées sur chaque dimension.

Des analyses croisées entre les DPA et les thématiques ont permis d’identifier les configurations territoriales (maturité ou fragilité du contrôle interne), tandis que le nuage de mots généré via NVivo a renforcé la visualisation des concepts dominants (ex : "contrôle", "marchés", "procédures", "risques").

 

3.2.9. Limites de l’analyse qualitative

 

L’analyse repose sur un nombre limité de répondants, ce qui peut restreindre la représentativité statistique. Toutefois, la richesse des données qualitatives et la diversification des profils permettent de compenser en partie cette limite, en apportant une compréhension contextuelle fine. Par ailleurs, l’usage de NVivo renforce la rigueur de la triangulation thématique.

 

3.2.10 Adossement théorique

 

Cette méthodologie qualitative s’appuie sur les fondements du modèle (COSO, 2013), qui constitue une référence internationale en matière de contrôle interne, ainsi que sur les recommandations de (INTOSAI, 2004), relatives à la bonne gouvernance dans les institutions publiques. L’ensemble du processus repose également sur les principes de l’analyse qualitative en sciences sociales, tels que développés par (Paillé & Mucchielli, 2012; Bardin, 2013) .

 

3.3. Méthodologie quantitative d'évaluation de l'impact du contrôle interne sur la performance administrative et financière

 

3.3.1. Contexte et objectifs méthodologiques

 

Dans le cadre de cette recherche portant sur l’évaluation de l’impact de l’adoption du contrôle interne sur la performance organisationnelle des Directions Provinciales de l’Agriculture (DPA), une base de données a été constituée à partir d’indicateurs quantitatifs couvrant plusieurs dimensions : performance opérationnelle, conformité réglementaire et performance financière. Ces indicateurs ont été mesurés annuellement sur une période de huit ans (2017–2024), pour cinq DPA différentes( Rehamna, Essaouira, Safi, Chichaoua, Marrakech).

L’objectif principal de cette démarche est de vérifier s’il existe une différence significative des niveaux de performance avant et après l’adoption du dispositif de contrôle interne. La variable d’intérêt "Contrôle_interne" est binaire (0 = avant adoption, 1 = après adoption). Étant donné l’absence de variables de contrôle additionnelles et la nature limitée du nombre d’observations par DPA, l’approche économétrique classique (panel data models ou méthodes de type difference-in-difference) n’est pas appropriée ici.

 

3.3.2. Justification du choix méthodologique

 

Tout d'abord, cette étude se propose d'analyser l'impact de l'adoption du contrôle interne sur les performances opérationnelles, de conformité et financières des Directions Provinciales de l'Agriculture (DPA) marocaines. Comme le souligne (Yin, 2017), le choix d'une méthodologie doit être guidé par la nature des données disponibles et la question de recherche. Dans notre cas, une contrainte a orienté notre approche à savoir l'absence de variables de contrôle dans notre base de données rendant difficile l'utilisation de modèles économétriques complexes. En effet, comme le note (Wooldridge, 1996), les régressions multivariées nécessitent des variables explicatives supplémentaires pour isoler l'effet net de la variable d'intérêt.

Par conséquent, nous avons opté pour une approche par tests de différence de moyennes, qui présente plusieurs avantages :

D'une part, elle permet une analyse robuste même avec des petits échantillons (Field, 2018).

D'autre part, elle offre une première vision des effets avant éventuellement de passer à des modèles plus complexes.

Néanmoins, nous avons pris soin de compléter cette approche par des analyses complémentaires pour renforcer la validité des résultats.

Le test t de Student pour échantillons indépendants permet de comparer la moyenne des indicateurs de performance entre deux groupes : les années avant l’adoption du contrôle interne (groupe 0) et les années après l’adoption (groupe 1).

Ce test est particulièrement adapté lorsque l’on cherche à évaluer l’effet moyen d’une intervention ou d’un changement de politique sur des variables quantitatives, dans un cadre pré/post sans groupe témoin (Field, 2018). Il est utilisé en sciences sociales comme alternative simple et robuste lorsqu’un cadre quasi-expérimental n’est pas réalisable, notamment en présence de petits échantillons (Creswell & Creswell, 2017).

 

3.3.3. Variables et structuration des données

 

Le tableau ci-dessous présente la structure des variables analysées, distinguant la variable indépendante (d'intérêt) et les variables dépendantes regroupées par axe de performance.

 

Variables de l’étude quantitative selon le type et axes

Catégorie

Variables dépendantes (Indicateurs de performance)

Type de variable

Variable indépendante

Contrôle_interne (0 = avant adoption ; 1 = après adoption)

Binaire

Opérationnel

• Nombre d’appels d’offres infructueux
• Nombre de jours de retard d’exécution
• Nombre de marchés résiliés
• Nombre moyen de jours de retard de paiement

Quantitatif

Conformité

• Taux de conformité aux CPS types
• Taux de conformité au programme prévisionnel
• Nombre de rejets (phase engagement)
• Nombre de rejets (phase paiement)
• Taux de transmission du DAO dans les délais
• Taux d’ordres de service enregistrés

Mixte (%, nombre)

Financière

• Taux d’engagement
• Taux de paiement
• Taux de report budgétaire

Pourcentage

Source : Analyse sous la base de nos données

 

Avant toute analyse, un travail minutieux de préparation des données a été nécessaire. Conformément aux bonnes pratiques énoncées par (Hair, Black, Babin, & Anderson, 2018), nous avons procédé comme suit :

Tout d'abord, nous avons structuré les données en deux groupes distincts :

·         Le groupe témoin (avant adoption du contrôle interne) ;

·         Le groupe traitement (après adoption).

Ensuite, nous avons appliqué plusieurs filtres :

·         Exclusion des années transitoires (année d'adoption) pour éviter tout biais de transition ;

·         Vérification des valeurs aberrantes grâce à la méthode des intervalles interquartiles ;

·         Normalisation des indicateurs exprimés en pourcentages.

Par ailleurs, comme le recommandent (Tabachnick & Fidell, 2018), nous avons vérifié l'équilibre des groupes sur les caractéristiques observables. Bien que notre design ne permette pas un appariement parfait, cette vérification reste essentielle pour interpréter les résultats.

 

3.3.4. Hypothèse et formulation statistique

 

Notre hypothèse générale est : l’adoption du contrôle interne a un impact significatif sur les indicateurs de performance des DPA.

Les hypothèses statistiques pour chaque variable peuvent être écrites ainsi qu’il suit :

H₀ : μ₀ = μ₁ (les moyennes des indicateurs sont égales avant et après l’adoption)

H₁ : μ₀ ≠ μ₁ (les moyennes diffèrent significativement)

De plus, nous considérons le niveau de signification α = 0,05.

 

 

3.3.5. Mise en œuvre pratique

 

L’analyse a été réalisée pour chaque indicateur, avec les étapes suivantes :

·         Séparation des données en deux groupes selon la variable Contrôle_interne ;

·         Calcul des moyennes et écarts-types pour les deux groupes ;

·         Test t de Student;

·         Interprétation des résultats en termes d’amélioration ou de détérioration de la performance ;

·         Cette approche a été appliquée à l’ensemble des 13 indicateurs de performance disponibles.

Conformément à notre problématique, nous avons choisi le test t de Student comme méthode centrale. Comme l'explique (Cohen, 1988), ce test est particulièrement adapté pour :

·         Comparer deux moyennes sur des échantillons indépendants ;

·         Détecter des différences significatives même avec des effectifs modérés.

 

3.3.6. Limites de l’approche

Il convient de reconnaître que cette approche n’est pas sans limite et nous pouvons les énumérer de la manière suivante :

Premièrement, comme le soulignent (Angrist & Pischke, 2008), les tests de différence simple ne permettent pas d'établir une relation causale certaine. Néanmoins, dans notre contexte, plusieurs éléments renforcent la validité interne :

·         L’absence de variables de contrôle peut engendrer des biais d’omission, notamment si des facteurs contextuels non observés influencent simultanément la performance et l’adoption du contrôle interne :

·         Le caractère non aléatoire du passage au contrôle interne par les DPA rend difficile l’établissement d’une relation causale stricte ;

·         La taille modeste des échantillons réduit la puissance statistique du test.

Néanmoins, malgré ces limites, le test t offre un cadre simple et rigoureux pour une évaluation descriptive initiale des effets de l’adoption du contrôle interne :

·         La mise en œuvre progressive du contrôle interne ;

·         La stabilité relative du contexte administratif .

Aussi, l'hétérogénéité des DPA pourrait biaiser les résultats. Pour y remédier, nous avons :

·         Stratifié certaines analyses par taille d'administration ;

·         Vérifié la cohérence des effets sur différents sous-groupes.

En conclusion, bien que cette méthodologie présente certaines limites, elle offre une base solide pour évaluer l'impact du contrôle interne. Comme le propose (Creswell, 2009), cette approche peut constituer une première étape avant des investigations plus poussées.


 

 

Chapitre 4 : Confrontation des approches qualitative et quantitative : l’impact du contrôle interne sur la performance des DPA

Introduction

Le quatrième chapitre vise à objectiver le rôle du contrôle interne en croisant deux sources d’information complémentaires :

·         le matériel qualitatif constitué de douze entretiens semi-directifs codés dans NVivo autour des cinq composantes du référentiel COSO 2013 ;

·         le corpus quantitatif portant sur les indicateurs opérationnels, de conformité et financiers, mis en perspective grâce à des tests de Student sous STATA 17.

L’enjeu est double  à savoir:

·         dépasser la simple juxtaposition des résultats pour repérer les mécanismes (procédures, gouvernance, outils) qui expliquent les écarts de performance entre Directions Provinciales de l’Agriculture (DPA) ;

·         formuler des orientations stratégiques permettant d’étendre les bonnes pratiques observées et de corriger les faiblesses récurrentes.

La structure retenue fait dialoguer, pour chaque axe de performance, les résultats chiffrés et les enseignements tirés des entretiens, avant de dégager les facteurs de succès, les freins, puis les actions prioritaires à l’échelle des DPA et des politiques publiques.

Section 1 : Analyse qualitative

1.1. Descriptif des répondants

L’étude a mobilisé un total de 12 répondants répartis dans cinq DPA, présentent des profils variés selon leur fonction et leur niveau académique, ce qui contribue à la richesse et à la diversité des données recueillies.

Tout d’abord, la DPA de Safi se distingue par le plus grand nombre de répondants, soit quatre participants. Ces derniers occupent différentes fonctions telles que chef de service, responsable de cellule et responsable de bureau. En ce qui concerne leur niveau académique, deux répondants sont titulaires d’un Master ou équivalent, tandis que les deux autres sont de formation technicien supérieur. Cette diversité à la fois fonctionnelle et académique permet de recueillir des points de vue complémentaires sur les effets du contrôle interne.

Ensuite, les DPA de Chichaoua, Essaouira, Marrakech et Rehamna comptent chacune deux répondants. À Essaouira, les deux participants occupent le poste de chef de service et sont tous deux titulaires d’un Master, ce qui traduit une certaine homogénéité dans les profils. À Marrakech, on observe une combinaison entre un chef de service (Master) et un responsable de cellule (Licence), illustrant une légère variation dans les fonctions et les niveaux d’étude. La DPA de Rehamna présente également un équilibre : un chef de service de niveau technicien supérieur et un responsable de cellule ayant une Licence. In fine, pour ce qui est de Chichaoua, si l’un des deux répondants est responsable de bureau avec un niveau Master, le second, responsable de cellule, n’a pas renseigné son niveau académique.

Dans l’ensemble, il apparaît que les fonctions les plus représentées sont celles de chef de service et de responsable de bureau, tandis que le niveau académique prédominant est le Master ou équivalent, suivi par le niveau technicien supérieur. Cette diversité des profils permet de croiser des perspectives issues de différents échelons hiérarchiques, renforçant ainsi la robustesse de l’analyse du lien entre contrôle interne et performance organisationnelle.

 

Tableau : Profil fonctionnel et académique des répondants par Direction Provinciale de l’Agriculture (DPA)

 

DPA

Nombre de répondants

Fonction(s)

Niveau(x) académique(s)

CHICHAOUA

2

Responsable de bureau ; Responsable de la cellule

Master et équivalent ; Non précisé

ESSAOUIRA

2

Chef de service (x2)

Master et équivalent (x2)

MARRAKECH

2

Chef de service ; Responsable de la cellule

Master et équivalent ; Licence

REHAMNA

2

Responsable de la cellule ; Chef de service

Licence ; Technicien Supérieur

SAFI

4

Responsable de la cellule ; Chef de service ; Responsable de bureau (x2)

Master et équivalent (2) ; Technicien Supérieur (2)

Source : Analyse sous la base de nos données

 

1.2 Analyse du Nuage des mots

L’analyse du nuage de mots, appuyée par les fréquences issues du traitement dans NVivo, met en lumière les thématiques centrales abordées par les personnes interviewées dans le cadre de cette étude. Ainsi, les termes les plus récurrents tels que « contrôle », « marchés », « publics » et « interne » témoignent de la centralité du dispositif de contrôle interne appliqué à la gestion des marchés publics au sein des DPA de la région Marrakech-Safi. Ce constat s’inscrit pleinement dans le cadre de référence du modèle (COSO, 2013), qui définit cinq composantes essentielles du contrôle interne.

Tout d’abord, la forte occurrence des mots « application », « procédures », « tâches », et « système » traduit une volonté affirmée de formalisation et d’opérationnalisation du dispositif de contrôle interne, correspondant aux activités de contrôle (composante 3 du COSO). Ensuite, la présence importante des mots « risques », « identification » et « prévention » indique que la démarche d’évaluation des risques (composante 2) est bien intégrée, avec des mécanismes d’anticipation et de suivi des anomalies.

Par ailleurs, les mots « formation », « communication », « information » et « accessible » mettent en évidence l’attention portée à la circulation de l’information (composante 4) et au renforcement des compétences, nécessaires à la diffusion et à l’appropriation des pratiques de contrôle. Enfin, les termes « suivi », « pilotage », « comité », et « indicateurs » reflètent l’existence d’un dispositif structuré d’évaluation continue de la performance, rejoignant la composante 5 du COSO relative aux activités de supervision et d'amélioration continue.

Ainsi, cette analyse qualitative confirme la présence effective des composantes clés du contrôle interne dans le fonctionnement des DPA. Elle soutient empiriquement l’hypothèse générale de l’étude selon laquelle le contrôle interne a un impact positif sur la performance organisationnelle, notamment en matière d’efficacité financière, d’efficience opérationnelle et de conformité réglementaire.

Figure: Nuage de mots des entretiens – thématiques clés du contrôle interne des marchés publics

Source : Analyse sous la base de nos données

 

1.3. Croisement entre les axes de la conformité et les DPA

1.3.1. Croisement entre activité de contrôle et les DPA

Lorsqu’on croise des activités de contrôle telles que rapportées par les répondants des Directions Provinciales de l’Agriculture (DPA), elles révèlent des disparités notables dans la mise en œuvre du système de contrôle interne. Ces différences s’expliquent en partie par le nombre variable de répondants par DPA, influençant la richesse et la profondeur des déclarations collectées.

Ainsi, la DPA de Safi, avec quatre répondants, se distingue par une structuration documentaire avancée. Elle affiche en effet un recours fréquent à la formalisation des procédures (5 mentions), traduisant un effort manifeste de standardisation interne. De même, la DPA d’Essaouira, comptant deux répondants, se démarque par une mise en œuvre renforcée des contrôles informatisés (également 5 occurrences), illustrant une dynamique de digitalisation du contrôle interne. Ces deux DPA montrent également un recours régulier au double contrôle, pratique jugée conforme aux recommandations du modèle COSO, en tant que mécanisme essentiel de fiabilisation des opérations et de prévention des risques (COSO, 2013).

En revanche, les DPA de Chichaoua (2 répondants) et de Rehamna (2 répondants) présentent un engagement plus limité dans certaines dimensions du contrôle interne. À Chichaoua, par exemple, la prise en compte des observations issues des audits passés, le travail sur la base des Cahiers des Prescriptions Spéciales (CPS) types ou encore la réduction des risques liés aux marchés publics sont faiblement évoqués. Cela suggère une institutionnalisation partielle des bonnes pratiques et laisse entrevoir un potentiel d’amélioration dans la couverture globale du dispositif de contrôle.

Quant à la DPA de Marrakech, avec également deux répondants, elle semble adopter une approche plus juridique et documentaire, mettant l’accent sur la vérification systématique des pièces justificatives et l’utilisation des CPS types. Cette orientation traduit une volonté de conformité réglementaire et de traçabilité, en cohérence avec les exigences de transparence et de responsabilité dans la gestion publique.

En somme, ces constats permettent de conclure à une maturité différenciée des DPA en matière de contrôle interne, influencée à la fois par les pratiques locales, les ressources disponibles et le degré d’implication des acteurs. Cette hétérogénéité pourrait impacter la performance organisationnelle, tant sur le plan de l’efficacité financière, de l’efficience opérationnelle que de la conformité aux normes et procédures en vigueur. D’où l’importance, comme le soulignent (INTOSAI, 2010; Bouquin, 2017), de renforcer la culture du contrôle interne de manière systématique et équitable à l’échelle des structures territoriales.

Figure : Croisement entre activité de contrôle et les DPA

Source : Analyse sous la base de nos données

 

1.3.2. Croisement entre l’environnement de contrôle et les DPA

L’analyse des composantes de l’environnement de contrôle au sein des Directions Provinciales de l’Agriculture (DPA) de la région Marrakech-Safi met en lumière des niveaux d’engagement différenciés, révélateurs de pratiques managériales et organisationnelles contrastées. Cette analyse tient compte du nombre de répondants par DPA, élément déterminant dans la fréquence des occurrences rapportées.

Parmi les cinq dimensions explorées — charte éthique et valeurs, documents de référence, formations reçues, implication de la direction, et séparation des tâches — c’est la variable « documents de référence » qui ressort avec une forte prégnance, notamment dans les DPA de Safi (4 répondants, 19 mentions), Rehamna (2 répondants, 15 mentions) et Marrakech (2 répondants, 13 mentions). Ce résultat témoigne d’un ancrage important dans la formalisation des procédures, ce qui constitue un socle essentiel pour assurer la structuration de l’environnement de contrôle, conformément aux principes du (COSO, 2013).

La composante « formations reçues » se distingue particulièrement dans la DPA de Safi, avec 10 occurrences, traduisant une dynamique de renforcement des capacités qui semble plus affirmée que dans les autres provinces. Ce constat est en ligne avec les recommandations de l’INTOSAI (2010), qui considèrent la formation comme un levier fondamental de fiabilisation des pratiques de gestion et de renforcement du contrôle interne.

En ce qui concerne l’implication de la direction, bien que les occurrences demeurent limitées dans l’ensemble, elle est relativement plus marquée dans les DPA de Chichaoua (2 répondants) et de Safi, suggérant un leadership managérial plus affirmé dans ces localités. En revanche, la composante « séparation des tâches », pourtant centrale dans la prévention des conflits d’intérêts et la lutte contre la fraude (Bouquin, 2017) est modérément mobilisée, malgré des efforts notables dans les DPA de Safi et Chichaoua.

Enfin, la charte éthique et les valeurs demeurent faiblement évoquées dans toutes les DPA, ce qui soulève des interrogations quant à l’intégration des principes éthiques dans les pratiques quotidiennes. Cette faiblesse représente une limite importante, dans la mesure où les valeurs organisationnelles sont censées former le socle de tout environnement de contrôle efficace et cohérent (COSO, 2013)

En conclusion, cette analyse met en évidence un environnement de contrôle plus consolidé dans les DPA de Safi et Rehamna, où la documentation et la formation semblent faire l’objet d’une attention particulière. Toutefois, l’absence de structuration explicite autour des valeurs éthiques, ainsi que l’implication encore inégale des directions, apparaissent comme des pistes prioritaires d’amélioration, afin de renforcer de manière homogène et durable le système de contrôle interne dans l’ensemble des DPA de la région Marrakech-Safi.

Figure : Croisement entre l’environnement de contrôle et les DPA

 

Source : Analyse sous la base de nos données

 

1.3.3. Croisement entre évaluation des risques et DPA

L’analyse croisée des pratiques d’évaluation des risques au sein des DPA de la région Marrakech-Safi révèle des écarts notables dans l’institutionnalisation des dispositifs de gestion des risques, traduisant des niveaux d’appropriation différenciés des recommandations en matière de contrôle interne.

Parmi les sept dimensions observées, deux variables se détachent nettement : les types de risques identifiés et l’existence d’un système formalisé d’identification et d’évaluation des risques. La DPA de Safi, qui compte le plus grand nombre de répondants (4), affiche les scores les plus élevés sur ces deux variables, avec respectivement 12 et 10 occurrences, suggérant une maturité organisationnelle avancée en matière de gestion des risques. La DPA de Marrakech suit de près, avec 9 occurrences sur les types de risques identifiés et 5 sur le système formalisé, ce qui traduit une démarche structurée, bien que légèrement moins poussée.

Ces résultats sont cohérents avec les exigences du (COSO, 2013), qui insiste sur la nécessité pour les entités publiques d’intégrer l’évaluation des risques dans tous les processus décisionnels. En ce sens, les pratiques identifiées dans les DPA de Safi et de Marrakech montrent une volonté de proactivité dans la cartographie et la mitigation des risques opérationnels et financiers.

En revanche, des composantes telles que l’usage des outils d’évaluation informatisés (Excel, systèmes formalisés) ou la prise en compte explicite de la fraude restent peu mobilisées dans la majorité des DPA, notamment à Rehamna et Chichaoua, qui enregistrent des niveaux très bas voire nuls sur plusieurs dimensions. Cette situation dénote une faible structuration des démarches de gestion des risques, ce qui pourrait compromettre l’efficacité globale du dispositif de contrôle interne.

Il est également notable que des outils méthodologiques comme la formulation des objectifs SMART ou l’utilisation d’indicateurs quantitatifs demeurent marginalement évoqués dans l’ensemble des DPA, à l’exception de Safi, qui semble se démarquer par une approche plus analytique et orientée résultats.

Enfin, la division du processus des marchés publics en sous-processus, qui permettrait pourtant de mieux circonscrire les zones de vulnérabilité, est quasiment absente des réponses, ce qui met en lumière une lacune dans l’application des bonnes pratiques de maîtrise des activités critiques.

En conclusion, cette analyse souligne que seules certaines DPA, notamment Safi et Marrakech, intègrent réellement les fondamentaux de l’évaluation des risques. Les autres, en particulier Chichaoua et Rehamna, présentent des marges de progression substantielles. Cette hétérogénéité territoriale milite pour une normalisation des pratiques et un accompagnement ciblé, afin d'assurer une couverture homogène du risque au sein des DPA de la région Marrakech-Safi.

Figure : Croisement entre évaluation des risques et DPA

Source : Analyse sous la base de nos données

 

1.3.4. Croisement croisement « Information & Communication » et DPA

L’analyse du croisement entre les pratiques d'information et de communication et les différentes Directions Provinciales de l’Agriculture (DPA) de la région Marrakech-Safi révèle des dynamiques contrastées selon les territoires, qu’il convient de nuancer à la lumière du nombre de répondants déclarés : quatre pour Safi, deux pour chacune des autres DPA. En premier lieu, la DPA de Safi se démarque par un niveau élevé d’accessibilité des informations (5 occurrences), ce qui laisse penser que l’ensemble des services y bénéficient d’une politique interne de mise à disposition des données. Cette performance est d’autant plus significative qu’elle provient d’un effectif de répondants plus élevé, renforçant ainsi la robustesse de l’observation.

Par ailleurs, si les DPA de Rhamna et Chichaoua ne comptent que deux répondants chacune, elles affichent toutes deux un usage intensif des outils de communication formalisés (Excel, canevas, GID), avec 5 mentions dans les deux cas. Cela suggère une intégration effective des outils techniques de transmission de l’information, sans nécessairement s’accompagner d’une large diffusion documentaire, puisque ces mêmes DPA restent en retrait sur l’accessibilité des informations (0 occurrence pour Chichaoua, 0 pour Rhamna).

En ce qui concerne le reporting, qui désigne la capacité à produire des tableaux de bord et à organiser le suivi périodique des activités, Safi se positionne à nouveau en tête avec 6 occurrences. Cette tendance est cohérente avec son profil de DPA la plus représentée dans l’échantillon, traduisant une structuration avancée du suivi et du pilotage des activités. Rhamna, avec 4 mentions pour seulement deux répondants, présente également une implication significative, tandis que les DPA de Marrakech, Essaouira et Chichaoua restent à un niveau modeste avec 2 mentions chacune.

En somme, ces résultats montrent que la DPA de Safi bénéficie d’un écosystème d’information et de communication globalement plus robuste, ce qui peut être lié à une meilleure coordination entre les services et à une culture du pilotage plus affirmée. Toutefois, des DPA comme Rhamna ou Chichaoua, malgré un plus faible effectif de répondants, illustrent un engagement particulier dans l’usage des outils techniques. Ces disparités soulignent la nécessité d’un renforcement transversal des pratiques d'information et de communication entre les DPA, en cohérence avec le cadre de référence du (COSO, 2013), pour garantir une circulation fluide, structurée et équitable de l’information dans le dispositif de contrôle interne.

Figure : Croisement croisement « Information & Communication » et DPA

 

Source : Analyse sous la base de nos données

 

1.3.5. Croisement pilotage et  DPA

L’analyse du croisement entre les pratiques d’évaluation du dispositif de contrôle interne et les différentes Directions Provinciales de l’Agriculture (DPA) de la région Marrakech-Safi met en évidence des niveaux d’institutionnalisation contrastés. Deux dimensions ont été analysées : la réalisation d’évaluations ponctuelles ou continues et l’existence d’un comité dédié au suivi du contrôle interne.

Tout d’abord, la pratique des évaluations régulières semble peu répandue, quel que soit le territoire. Les DPA de Rhamna, Essaouira, Safi et Chichaoua présentent chacune 2 ou 1 mention(s) sur cette variable, ce qui reste relativement modeste, surtout pour des structures comprenant 2 à 4 répondants selon les cas. Ce constat suggère que les évaluations des dispositifs internes restent encore majoritairement informelles ou occasionnelles, en dépit de leur importance soulignée par le référentiel (COSO, 2013)) en matière d’assurance de performance et d’ajustement des dispositifs de contrôle.

En revanche, la mise en place de comités se révèle bien plus ancrée dans certaines DPA. Safi se distingue de manière significative avec 6 mentions pour 4 répondants, ce qui dénote une systématisation de cette instance de suivi. La DPA d’Essaouira, avec 4 mentions pour seulement 2 répondants, confirme également un ancrage institutionnel fort. Ces résultats traduisent une gouvernance plus structurée et une appropriation locale des principes du contrôle interne. À l’opposé, les DPA de Chichaoua et Rhamna affichent respectivement 2 et 3 occurrences sur cette composante, ce qui, rapporté à leur nombre de répondants (2 chacune), reste relativement positif mais indique un besoin de consolidation.

En définitive, la forte mobilisation autour de l’existence de comités dans les DPA comme Safi et Essaouira témoigne d’une volonté d’encadrer durablement le dispositif de contrôle interne. Toutefois, la faible fréquence des évaluations formalisées souligne la nécessité d’instaurer des mécanismes d’auto-évaluation systématique, comme recommandé par les standards de bonnes pratiques (INTOSAI, 2010; Bouquin, 2017). Pour renforcer la performance organisationnelle des DPA, il apparaît ainsi crucial d’institutionnaliser l’évaluation continue comme outil de pilotage stratégique du contrôle interne.

Figure : Croisement entre pilotage et  DPA

Source : Analyse sous la base de nos données

 

1.4. Analyse matricielles des axes selons les DPA

1.4.1. Analyse qualitative de l’information et communication selon les DPA

L’analyse des pratiques de communication et d’accès à l’information au sein des Directions Provinciales de l’Agriculture (DPA) de la région Marrakech-Safi révèle une structuration variable selon les territoires et les profils des répondants. Trois dimensions essentielles ont été examinées : l’accessibilité des informations, les outils de communication utilisés, et les mécanismes de reporting.

Tout d’abord, la DPA de Chichaoua, bien que ne comptant que deux répondants, présente une organisation relativement avancée. Les deux responsables interrogés mentionnent l’existence de réunions internes, de cahiers de navette, ainsi que l’usage de tableaux de bord mensuels et trimestriels, partagés avec la direction. Cette régularité dans le reporting et la pluralité des canaux de communication témoignent d’un système structuré et dynamique, malgré l’absence d’un système intégré automatisé.

À l’inverse, la DPA d’Essaouira montre une fragilité manifeste dans cette dimension. Sur les deux chefs de service interrogés, aucun ne signale l’existence d’un dispositif de communication structuré, ni d’un reporting formel. Ce déficit peut traduire un manque de formalisation ou de standardisation des pratiques de gestion de l’information, ce qui pourrait entraver la réactivité et la transparence organisationnelle.

Pour sa part, la DPA de Marrakech, avec également deux répondants, adopte une approche plus individuelle et décentralisée. L’un des chefs de service utilise des tableaux de bord, tandis que l’autre mentionne uniquement des suivis périodiques à travers le système GID. Toutefois, l'absence de système intégré de communication est explicitement signalée, suggérant un besoin de digitalisation plus avancée pour améliorer l’efficacité du circuit de l’information.

En ce qui concerne la DPA de Rhamna, les deux répondants décrivent un panel diversifié d’outils, incluant le portail des marchés publics, des canevas Excel, des fichiers partagés et le système de gestion intégrée des dépenses. La combinaison de ces outils, bien que hétérogène, semble favoriser un accès facilité à l’information, en particulier pour les fonctions liées à l’exécution financière. Ce constat traduit une maturité organisationnelle moyenne, en cohérence avec l’hybridation des pratiques manuelles et informatisées.

Enfin, la DPA de Safi, forte de ses quatre répondants, se distingue par la richesse et la diversité des canaux mobilisés. Les acteurs évoquent l’usage de plateformes de gestion de projets (SPM), de rapports d’avancement, de canevas Excel détaillés, ainsi que la prise en compte des risques identifiés et des mesures correctives dans les rapports périodiques. Cette structuration avancée du système d’information et de reporting reflète une culture du pilotage et du suivi consolidée, soutenue par des outils numériques adaptés.

En conclusion, cette analyse montre que la qualité du système d’information et de communication varie fortement selon les DPA et les profils des répondants. Alors que certaines structures comme Safi ou Chichaoua manifestent une organisation robuste et diversifiée, d’autres, comme Essaouira, semblent encore dépendantes de pratiques informelles. Ces écarts invitent à une harmonisation des outils et à une professionnalisation des pratiques de gestion de l'information, éléments jugés essentiels pour renforcer l’efficacité organisationnelle (COSO, 2013; INTOSAI, 2010).

Tableau : Matrices information et communication par DPA et interviewé

DPA

Accessibilité des informations

Outils de communication (Excel, canevas, GID)

Reporting

CHICHAOUA

Oui, il existe un système d’échange d’informations. Notamment les cahiers de navette

Nous avons des tableaux de bord mensuels et trimestriels, partagés avec la direction et parfois avec la direction régionale

·          Les réunions interne,

·          Les cahiers de navette

·          La messagerie électronique

·          les situations Excel

tableaux de bord mensuels et trimestriels

ESSAOUIRA

Non, ce type de système n’est pas encore opérationnel

Non, il n’existe actuellement pas de système de reporting formalisé à cet effet.

Non

MARRAKECH

Il n’y a pas de système intégré ou automatisé pour la communication des informations

Oui, en tant que chef de service, j’utilise des tableaux de bord

Il n’y a pas de système structuré pour la communication des informations relatives aux marchés publics.

tableaux de suivi périodiques alimenter par les données du système de gestion intégrée des dépenses (GID)

REHAMNA

·          le portail des marchés publics

·          les canevas Excel

·          les fichiers drive.

·          le portail des marchés publics

·          le système de gestion intégrée des dépenses et les situations d’exécution physique et financière

·          Le portail des marchés publics

·          Les canevas Excel

Un espace de stockage partagé

le portail des marchés publics et le système de gestion intégrée des dépenses

SAFI

 

 

 

 

 

 

canevas Excel qui combine la situation physique et comptable de tous les marchés publics

situation comptable et physique

·          des réunions

·          des rapports d'avancement

·          une plateforme de gestion des projets SPM

·          des rapports mensuels et trimestriels détaillant l’avancement des marchés

·          les risques identifiés

·          les mesures correctives prises

l’alimentation d’un canevas Excel

situation comptable et physique

les cahiers de navette

Portail des MP

 

Source : Analyse sous la base de nos données

 

1.4.2. Analyse qualitative du Pilotage / Suivi / Gouvernance selon les DPA

L’analyse des dispositifs de pilotage, de suivi et de gouvernance au sein des Directions Provinciales de l’Agriculture (DPA) de la région Marrakech-Safi met en évidence des écarts significatifs dans la mise en œuvre des évaluations périodiques et l’existence de comités dédiés au pilotage du contrôle interne. Ces deux dimensions sont cruciales pour assurer la régularité des ajustements stratégiques et la surveillance des pratiques administratives, conformément aux standards du (COSO, 2013) et aux recommandations de (INTOSAI, 2004).

Dans un premier temps, la DPA de Safi, qui compte quatre répondants, apparaît comme la structure la plus avancée en matière de gouvernance. Tous les acteurs interrogés attestent de l’existence d’un comité de pilotage instauré en 2023, avec une fréquence d’évaluations semestrielles. Cette régularité témoigne d’un processus de pilotage structuré et inscrit dans la durée, renforçant ainsi la capacité de la DPA à anticiper les dysfonctionnements et à réagir de manière proactive.

De même, la DPA de Rhamna, bien que représentée par deux répondants seulement, affiche un niveau de maturité élevé. Les évaluations y sont conduites trois fois par an, et un comité de pilotage est activement opérationnel, ce qui reflète une gouvernance interne dynamique et bien ancrée. Ce niveau d’engagement institutionnel contribue à la création d’un cadre de responsabilisation favorisant l’amélioration continue des performances.

À l’opposé, les DPA de Chichaoua, Marrakech et Essaouira, représentant respectivement deux, deux et deux répondants, semblent marquées par une absence généralisée de structures de pilotage localisées. À Chichaoua, aucun comité n’existe et aucune évaluation ponctuelle ou continue n’est rapportée, ce qui dénote un vide organisationnel sur cette dimension clé. Du côté de Marrakech et Essaouira, les répondants mentionnent l’existence de comités au niveau régional, mais aucune instance n’est opérationnelle à l’échelle de la DPA. Par ailleurs, à Essaouira, bien que le comité régional ait été mobilisé, il n’a conduit qu’une seule évaluation depuis sa mise en place, soulignant un usage marginal de ce dispositif.

Cette situation laisse penser que dans certaines DPA, la gouvernance repose davantage sur une logique régionale descendante, sans réel ancrage local. Cela pourrait expliquer la faiblesse des mécanismes d’auto-évaluation et l’absence de réflexes institutionnels favorisant l’amélioration continue.

En somme, ces disparités montrent que les DPA de Safi et Rhamna se démarquent positivement par la structuration et la fréquence de leurs activités de pilotage, tandis que les autres structures apparaissent en retrait. Ce constat souligne l’urgence de renforcer l’internalisation des pratiques de gouvernance locale, notamment par la création de comités de pilotage autonomes et l’institutionnalisation d’évaluations régulières pour garantir la cohérence et l’efficacité des dispositifs de contrôle interne à l’échelle déconcentrée.

Tableau :Matrices Pilotage / Suivi / Gouvernance par DPA et interviewé

DPA

Évaluations ponctuelles ou continues

Existence de comité

CHICHAOUA

Non, il n’y a pas de comité spécifique à la DPA

Non, vu que ce comité n’existe pas

Non, il n’existe pas de comité de pilotage au niveau de la DPA

ESSAOUIRA

Le comité régional a réalisé une seule évaluation depuis son instauration

·          Non, ce comité n’a pas encore été instauré au niveau de la DPA

·          il y a un comité de pilotage régional

Le comité régional a réalisé une seule évaluation depuis son instauration

·          Non, ce comité n’a pas encore été instauré au niveau de la DPA

·          il y a un comité de pilotage régional

MARRAKECH

Non, la DPA ne dispose pas encore de comité local de pilotage

·          Non, un tel comité n’existe pas encore à l’échelle de la DPA

·          un comité de pilotage régional a été mis en place

REHAMNA

·          Oui, nous disposons d’un comité de pilotage

·          évaluations continues 3 fois par an

à raison de trois fois par an,

Un comité de pilotage du contrôle interne est bien en place.

SAFI

·          créé en 2023

·          L’évaluation est faite semestriellement.

évaluations semestriellement

Oui, nous disposons d’un comité de pilotage

L’évaluation est faite semestriellement

créé en 2023

·          Oui.

·          Oui, chaque semestre

Source : Analyse sous la base de nos données

 

1.4.3. Analyse qualitative des activités de contrôle selon les DPA

L’analyse des pratiques déclarées en matière d’activités de contrôle au sein des Directions Provinciales de l’Agriculture (DPA) révèle des niveaux de formalisation et de structuration variables selon les structures, ce qui reflète des degrés d’appropriation différenciés du contrôle interne. Ces résultats s’appuient sur les déclarations de 11 répondants répartis comme suit : 2 pour Chichaoua, 2 pour Essaouira, 2 pour Marrakech, 2 pour Rhamna et 4 pour Safi.

D’emblée, la DPA de Safi se distingue nettement par la diversité et la formalisation des dispositifs mis en place. La quasi-totalité de ses quatre répondants mentionne l’existence d’un double contrôle systématique, notamment effectué par les chargés de comptabilité, ainsi que la formalisation des procédures relatives au contrôle interne. En outre, un répondant évoque explicitement le paiement conditionné à un contrôle préalable, ce qui témoigne d’une logique de traçabilité et de sécurisation des engagements. L’ensemble de ces pratiques s’inscrit pleinement dans les recommandations du COSO (2013), en matière de fiabilité des activités de contrôle.

De manière similaire, la DPA de Chichaoua, bien que ne comptant que deux répondants, présente un dispositif assez structuré. Ces derniers rapportent l’utilisation combinée d’outils informatiques (portail des marchés publics, systèmes Excel) et d’un système de double validation pour tous les actes administratifs relatifs aux marchés. Les procédures y sont également formalisées, bien que peu de pratiques complémentaires (comme la prise en compte des observations antérieures ou la vérification systématique des pièces) aient été rapportées.

En revanche, la DPA de Marrakech offre un profil plus contrasté. Si l’on note des efforts dans l’usage d’outils numériques de suivi, comme les tableaux Excel et les archives numériques, la formalisation des procédures semble encore embryonnaire, les pratiques restant informelles selon les déclarations. De plus, bien que la vérification des pièces soit mentionnée, elle reste partiellement institutionnalisée, suggérant un fonctionnement davantage basé sur l’expérience que sur des référentiels écrits ou partagés.

Quant à la DPA de Rhamna, les deux répondants témoignent d’un effort pour intégrer les observations de la trésorerie provinciale dans leurs processus de contrôle, une démarche conforme aux logiques d’apprentissage organisationnel. Toutefois, l’absence d’outils informatiques structurés limite l’efficacité potentielle de ces actions. L’existence d’un drive partagé contenant les procédures indique toutefois une volonté de documentation, bien que cette initiative semble encore peu outillée technologiquement.

Enfin, la DPA d’Essaouira se présente comme la structure la moins avancée en matière de contrôle interne. Aucun répondant ne mentionne de dispositif informatique ou de formalisation effective. Le double contrôle est également inexistant ou très limité. Si certains évoquent des réflexions en cours pour désigner une commission de vérification, ces pratiques restent au stade de l’intention. De plus, la réduction des risques liés aux marchés publics et la prise en compte des observations passées ne semblent pas encore intégrées dans les routines organisationnelles.

En somme, cette cartographie montre que Safi, suivie de Chichaoua, affiche le plus haut degré de maturité en matière d’activités de contrôle, avec des procédures écrites, des validations croisées et une documentation disponible. À l’opposé, Essaouira accuse un net retard. Cette hétérogénéité appelle à une harmonisation des pratiques entre DPA, avec un accompagnement ciblé dans les structures les moins avancées.

Tableau :Matrices Activités de contrôle par DPA et interviewé

DPA

contrôle a priori

Contrôles informatiques

Double contrôle

Formalisation des procédures

paiement avant de les envoyer

Prise en considération des anciennes observations

Reduction des risques liés aux marchés publics

Travail avec des CPS types

Vérification des pièces

CHICHAOUA

·          le portail des marchés publics, le système de gestion intégrée des dépenses (GID)

·          les modules internes (Excel/Canevas)

double validation pour tous les actes administratifs relatifs aux marchés

Oui, les procédures sont clairement écrites, notamment dans le textes réglementaires

·          le portail des marchés publics

·          le système intégré de gestion des dépenses (GID)

·          des outils internes (tableaux Excel, canevas)

Oui, un mécanisme de double validation est instauré pour tous les actes administratifs relatifs aux marchés publics

Oui, les règles et procédures sont clairement établies

ESSAOUIRA

Non, aucun système informatique spécifique n’est en place à ce jour

Non, il n’existe pas encore de cadre formel codifié pour les contrôles internes

Non, pas pour l’instant, en raison du manque de personnel et de la charge de travail importante

Non.

·          Actuellement non

·          nous avons déjà fait des réflexions dans ce sens pour désigner une commission de vérification et de contrôle des actes relatifs aux marches publics avant de les envoyés à la trésorerie provinciale

MARRAKECH

Oui, même si nous ne disposons pas d’un système automatisé

Non, les procédures sont encore appliquées de manière informelle

 travail avec des CPS types élabores par nos équipes

vérification des pièces justificatives avant les transmettre au bureau de comptabilité ou au bureau de marchés

·          des tableaux de suivi

·          des validations électronique

·          des archives numériques

Non, il n’y a pas encore de formalisation des contrôles internes

·          le suivi des engagements

·          la vérification des pièces justificatives

·          la validation hiérarchique des étapes critiques du processus de passation

REHAMNA

Actuellement nous ne disposons pas d’une plateforme numérique qui automatise le contrôle des risques

un fichier drive qui est accessible à tous les intervenants

par la prise en considération des anciennes observations émanant de la trésorerie provinciale relatives aux différents rejets

l’établissement et la diffusion des modèles actualisés de CPS, RC et tous autres documents liés aux marchés publics

Le suivi est assuré via des fichiers Excel

Un fichier partagé (drive) contenant l’ensemble des règles et procédures de contrôle interne est accessible à tous les intervenants

les observations antérieures de la Trésorerie provinciale sont prises en compte pour anticiper les rejets

des modèles actualisés de CPS et de règlements de consultation (RC) sont élaborés

SAFI

nous travaillons avec une situation sur Excel qui nous facilite le suivi et la traçabilité des risques liés aux marchés publics

Après l’instauration du dispositif de contrôle interne au niveau de la DPA, nous avons procédé à réaliser un double contrôle par les chargés de la comptabilité

Toutes les procédures liées au CI sont documentées et accessibles pour les chargés de la comptabilité publique

Oui, nous avons mis en place un système informatique

double vérification

Toutes les procédures liées au CI sont documentées et accessibles a tous les intervenants dans le processus des marchés publics

paiement avant de les envoyer

situation sur Excel

double contrôle par les chargés de la comptabilité pour chaque engagement

·          Toutes les procédures liées au CI sont documentées et accessibles pour les chargés de la comptabilité publique

·          nous ne disposons pas d’un système d’information pour automatiser le contrôle

nous effectuons un contrôle a priori des dossiers d’ouverture des plis

Il existe au niveau du portail des Marchés Publics lors de la publication de l’AO

nous avons un dispositif de double vérification pour tous les actes administratifs relatifs aux marchés

dans le textes réglementaires, implémentés par l’ensemble des services concernés

Source : Analyse sous la base de nos données

1.4.4. Analyse qualitative de la gestion des risques selon les DPA

L'analyse de la gestion des risques au sein des Directions Provinciales de l’Agriculture (DPA) de la région Marrakech-Safi met en lumière des approches différenciées et des niveaux de structuration variés selon les territoires et les répondants. À Safi, qui compte quatre répondants, on observe une structuration relativement avancée : plusieurs agents évoquent la division du processus des marchés publics en sous-processus, l'utilisation de matrices Excel pour l'identification des risques, et l'intégration d’indicateurs de performance (taux de rejet, délais, conformité réglementaire). Les objectifs sont généralement définis selon la méthode SMART, et la prise en compte du risque de fraude est explicitement mentionnée par tous les agents. Les risques identifiés couvrent des domaines critiques comme les retards de paiement, les rejets par la Trésorerie Provinciale et l’insuffisance de crédits.

À Rhamna, où deux répondants ont été interrogés, la gestion des risques repose également sur des outils concrets tels que des fichiers Excel, structurés en matrices, et une prise en compte explicite de la fraude. Les objectifs, fixés en concertation avec les parties prenantes, s’alignent avec les dimensions opérationnelles, financières et de conformité. Les types de risques évoqués sont principalement liés aux délais de traitement des marchés publics et aux rejets en phase d’engagement et de paiement.

Du côté de Chichaoua, les deux agents interrogés font référence à des outils structurés (manuels de procédures, cartographies des risques) ainsi qu’à des objectifs mesurables définis dans le cadre du plan prévisionnel. Bien que la division formelle du processus ne soit pas systématiquement mentionnée, la prévention de la fraude est soulignée par des mécanismes de séparation des fonctions. Les risques les plus fréquemment cités concernent les retards d’exécution et les aléas climatiques.

À Marrakech, la situation est plus contrastée : les deux répondants relèvent l’absence de dispositifs formels d’évaluation des risques. Toutefois, ils indiquent une sensibilisation accrue aux enjeux de transparence et à la responsabilisation des acteurs. Les objectifs SMART sont évoqués par un des répondants, mais leur application reste inégale. Les risques identifiés incluent les retards, les interruptions dues à des aléas climatiques ou sanitaires, ainsi que les estimations inexactes des besoins.

La DPA d’Essaouira, avec deux agents également, présente un niveau d’organisation plus limité. Les répondants évoquent des objectifs structurés, mais reconnaissent l'absence de systèmes formalisés pour l’évaluation des risques. Néanmoins, la prise en compte du risque de fraude est bien intégrée à travers des actions sur la transparence et la responsabilisation. Les risques mentionnés incluent des facteurs climatiques, des arrêts de travaux et des problèmes liés à la définition des besoins.

Enfin, l’ensemble des DPA reconnaissent les risques liés aux retards d’exécution, aux aléas climatiques, aux estimations erronées des besoins et à la fraude, mais seule une partie d’entre elles (notamment Safi et Rhamna) semblent avoir mis en place des outils et des processus de suivi structurés. Cette hétérogénéité appelle à une harmonisation des pratiques de gestion des risques au sein de la région, en s’appuyant sur les bonnes pratiques identifiées, notamment à Safi.

Tableau : Matrices gestion des risques par DPA et interviewé

DPA

Division du processus des marchés public en sous processus

Indicateurs quantitatifs

Objectifs SMART

Outils d’évaluation (Excel, systèmes formalisés)

Prise en compte de la fraude

Système formalisé pour identifier et évaluer les risques

Types de risques identifiés

CHICHAOUA

 

objectifs sont fixés annuellement dans le cadre du plan prévisionnel. Ils sont liés à des indicateurs mesurables

nous disposant des manuels de procédures et des cartographies des risque

Oui Bien sûr, il est pris en compte, notamment à travers la séparation des fonctions

·          Le retard dans l’exécutions des marchés

·          le caractère imprévisible des aléas climatique ou des programmes d’urgence

d’indicateurs quantitatifs permettant d’anticiper les écarts et de repérer les risques associés

Oui, il est bien pris en considération, notamment à travers des mécanismes de séparation des responsabilités et de traçabilité des décisions

manuels de procédures

cartographies des risques

·          Les retards d’exécution des marchés constituent un risque important

·          les aléas climatiques ou les urgences conjoncturelles

ESSAOUIRA

 

manière progressive, réaliste et structurée

Oui, ce risque est bien intégré.

Non, il n’existe pas de dispositif formalisé à ce jour

·          les retards dans l’exécution des prestations

·          l’arrêt des travaux à cause des forces majeurs liées au climat ou à des pandémies comme la corona en 2020

·          la mauvaise estimation des besoins

·          les délais prolongés pour l’élaboration des CPS

d’une approche réaliste, progressive et clairement définie

Oui, la DPA donne une grande importance au risque de fraude par la responsabilisation des collaborateurs et le renforcement de la transparence que se soit dans la phase de passation, d’engagement, d’exécution ou de liquidation

Non

les risques relatifs aux retards dans l’exécution des prestations

les sous estimations des besoins

MARRAKECH

 

méthode SMART

Non, il n’existe pas encore de dispositif formel

Oui, la prévention de la fraude est une préoccupation importante

·          les retards dans la réalisation des prestations

·          les arrêts de chantiers causés par des aléas comme la sécheresse

·          les pandémies

·          les litiges

·          les estimations inexactes des besoins

Les objectifs ne sont pas systématiquement formulés selon une approche structurée

·          prise au sérieux

·          La DPA veille à instaurer la transparence et la responsabilisation de tous les intervenants à toutes les étapes du processus des marchés publics

·          Il n'existe pas de système formalisé pour l'identification et l'évaluation des risques

·          des efforts sont en cours dans le cadre de la future mise en place du système de contrôle interne

·          les retards d’exécution des prestations

·          les interruptions dues à des circonstances exceptionnelles (telles que les conditions climatiques extrêmes (la sècheresse ou des pandémies comme celle de 2020)

·          la mauvaise estimation des besoins

·          les retards potentiels dans les différentes étapes de passation

REHAMNA

 

des objectifs opérationnels, financières et de conformités en se basant sur la méthode SMART

Oui biensûr

Un fichier EXCEL sous forme d’une matrice d’identification des risques

·          les risques relatifs aux Rejets majeur en phase d’engagement

·          Retard dans l’établissement des CPS

·          Retard d’engagement des dépenses publics, le retard de paiement

Les objectifs sont fixés en concertation avec les parties prenantes

Un fichier Excel structuré en matrice est utilisé pour l’identification des risques

Oui, le risque de fraude est intégré dans l’évaluation globale des risques

·          Les rejets en phase d’engagement et en phase de paiement

·          Retards dans l’élaboration des CPS

·          Retards dans l’engagement des dépenses publiques

·          Retards de paiement

·          Retards dans l’exécution des prestations

SAFI

divisé le processus des marchés public en sous processus

Nous essayons à fixer des objectifs SMART avec tous les intervenants dans le processus des marchés publics

Nous disposons d’une situation sur Excel qui nous permet d’identifier les risques

Oui bien sûr nous tenons compte au risque de fraude

·          Le dépassement des délais de paiement qui oblige l’administration à payer les intérêts moratoires.

·          Le nombre des rejets produits après le contrôle de la Trésorerie Provinciale

·          L’insuffisance des crédits qui induit la DPA en erreur de programmation

·          Le retard dans l’exécutions des marchés

·          spécifique, mesurable, atteignable, réaliste et temporellement définie (SMART)

situations Excel

Oui, le risque de fraude est une préoccupation majeure

·          non-conformité aux procédures légales

·          le retard dans les délais de passation des marchés

·          le respect des délais de paiement

·          la conformité à la réglementation

·          l’augmentation du taux d’engagement et de paiement

Oui bien sûr nous tenons compte au risque de fraude

Nous vérifions les signatures et les certificats ainsi que les différentes pièces contractuelles et comptables des marchés

tableau de bord budgétaire

·          Le dépassement des délais de paiement qui oblige l’administration à payer les intérêts moratoires

·          Le nombre des rejets produits après le contrôle de la Trésorerie Provinciale

·          L’insuffisance des crédits qui induit la DPA en erreur de programmation

Ils sont liés à des indicateurs mesurables comme par exemple le taux de réussite des appels d’offres, le pourcentage des AO infructueux, le nombre des rejets liés à l’étude des dossiers d’AO et le non dépassement du délai d’étude du dossier d’AO

Oui Bien sûr, il est pris en compte.

·          le portail des marchés publics pour le lancement des appels d’offres

·          base de données Excel

·          L’interruption du réseau internet

·          Non-respect de la règlementation au niveau de publication sur les journaux et portail des MP

·          Non-respect du délai de publication au niveau du journaux et portail des MP

Source : Analyse sous la base de nos données

1.4.5. Analyse qualitative de l’environnement de contrôle selon les DPA

L’analyse de l’environnement de contrôle tel qu’il ressort des entretiens menés au sein des différentes Directions Provinciales de l’Agriculture (DPA) de la région Marrakech-Safi révèle des avancées notables, bien que contrastées, en matière de dispositifs d’intégrité et de maîtrise des processus. Tout d’abord, s’agissant de la charte éthique et des valeurs, la majorité des DPA se réfèrent à la charte du ministère de l’Agriculture, ou à des documents régionaux en attendant d’élaborer leur propre version adaptée à leur contexte local. C’est notamment le cas de la DPA d’Essaouira et de celle de Marrakech, qui sont en cours d’élaboration de chartes spécifiques à la gestion des marchés publics. À Rehamna et Safi, en revanche, les chartes de valeurs sont déjà intégrées dans les pratiques et sont utilisées pour guider les comportements professionnels.

En ce qui concerne les documents de référence, une homogénéité est observée entre les DPA. Toutes citent les textes réglementaires de base, notamment le décret n°2-22-431 relatif aux marchés publics, les cahiers des clauses administratives générales (CCAG-T et CCAG-EMO), ainsi que les cahiers des prescriptions spéciales types (CPS). En outre, certaines DPA, comme celle de Marrakech ou de Rehamna, vont plus loin en intégrant dans leur dispositif des outils reconnus de gouvernance comme le référentiel COSO 2013 et le modèle ERM 2017, témoignant d’une volonté d’adopter une gestion des risques conforme aux standards internationaux.

Par ailleurs, la question des formations constitue un levier important de consolidation du dispositif de contrôle interne. Dans l’ensemble, les formations sont assurées aussi bien au niveau régional que national, bien que leur régularité et leur ciblage varient sensiblement d’une DPA à l’autre. À Chichaoua et Essaouira, les formations sont annuelles et concernent les agents responsables des marchés publics. À Marrakech, un programme intensif de 15 jours a été organisé en 2022, tandis qu’à Rehamna, des séminaires sur l’harmonisation du dispositif de contrôle interne ont été menés entre 2021 et 2023. Toutefois, certaines DPA reconnaissent que les agents de niveaux intermédiaires ou techniques (ex. agents de bureau) ont un accès limité à ces dispositifs, ce qui pourrait limiter l'efficacité globale du système.

Concernant l’implication des directions, celle-ci apparaît comme un facteur différenciant. Dans les DPA de Chichaoua et Safi, l’implication est jugée forte, avec un engagement actif de la direction dans la supervision des procédures, l’arbitrage des décisions sensibles et le respect des délais réglementaires. En revanche, à Essaouira et Marrakech, l’implication reste relativement modeste selon les répondants, souvent décrite comme étant en phase de structuration. À Rehamna, bien qu’un effort important soit reconnu, la direction fait encore face à des résistances internes limitant la pleine application des principes du contrôle interne.

Enfin, en matière de séparation des tâches, les répondants s’accordent globalement sur l’existence de dispositifs visant à éviter les conflits d’intérêts. Cela se traduit par l’utilisation généralisée de fiches de poste et d’emploi, parfois encore à l’état standardisé (comme à Marrakech) mais en cours d’adaptation aux fonctions réellement exercées. De plus, certaines DPA, telles que celle de Rehamna, s’appuient sur le système de gestion intégré des dépenses (GID), qui impose une séparation des droits d’accès entre agents. Néanmoins, plusieurs DPA, notamment Marrakech et Essaouira, reconnaissent que l’application de ce principe reste encore partielle ou perfectible, le niveau étant souvent qualifié de « moyen ».

En résumé, l’environnement de contrôle des DPA de la région Marrakech-Safi repose sur une base réglementaire commune, enrichie selon les cas par des outils plus sophistiqués. Si la formalisation des documents de référence est globalement acquise, la mise en œuvre effective des principes de contrôle interne dépend fortement de l’engagement des directions, de la formation des agents et de la maturation des pratiques organisationnelles. L’analyse met donc en lumière une dynamique d’alignement progressif sur les standards, bien que des écarts de maturité subsistent selon les territoires.

Tableau : Matrices environnement de contrôle par DPA et interviewé

DPA

Charte éthique et valeurs

Documents de référence

Formations reçues

Implication de la direction

Séparation des tâches

CHICHAOUA

 

Oui, elle repose principalement sur les principes généraux de la fonction publique

·          le décret n°2-22-431 relatif aux marchés publics

·          le cahier des clauses administrative générale des Travaux (CCAG-T)

·          le cahier des clauses administrative générale des Études et Maîtrise d’Œuvre (CCAG-EMO)

·          les CPS type

·          la nomenclature des pièces justificatives relatives aux dépenses

Oui, des formations sont organisées à l’échelle régionale et centrale

·          l’arbitrage des décisions sensibles

·          la supervision des procédures de passation

·          l’appui aux équipes en cas de difficulté

·          veille aussi à ce que les procédures soient respectées

·          encourage le respect des délais et de la réglementation

bien respecté

Oui, la DPA se réfère principalement à la charte d’éthique relative au département de l’agriculture

·          le décret n°2-22-431 sur les marchés publics

·          le cahier des clauses administrative générale des Travaux (CCAG-T)

·          le cahier des clauses administrative générale des Études et Maîtrise d’Ouvrage (CCAG-EMO)

·          les CPS type

·          des formations sont organisées régulièrement au niveau régional et central

·          d’une à deux sessions par an

·          destinées aux agents concernés par la gestion des marchés et du contrôle interne

·          niveau moyen

·          difficultés et la résistance de quelques-uns

·          grand effort avec tous les intervenants dans le processus des marchés publics pour arriver à une bonne application des principes de CI

·          niveau satisfaisant

·          Chaque responsable dispose d’une fiche de poste, et chaque agent d’une fiche d’emploi

·          nous utilisons des fiches standards définies par le ministère en fonction de la nature de chaque poste

·          un travail est en cours pour adapter ces fiches aux tâches effectivement exercées par chaque fonctionnaire au sein de la DPA

 

ESSAOUIRA

·          la charte du contrôle interne du ministère de l’Agriculture ainsi que celle établie au niveau régional

·          un travail est en cours pour élaborer une charte spécifique à la DPA d’Essaouira, axée sur les marchés publics

·          Le décret des marchés publics 2-22-431

·          CCAG-T et CCAG-EMO

·          Les CPS types

·          La charte du contrôle interne du département de l’Agriculture

·          La charte régionale du contrôle interne

·          Le référentiel COSO II

une formation par année et par agent au profit des agents responsables de la passation des marchés publics

relativement limité

·          Ce principe est mis en œuvre à travers des notes de service adressées aux différents services

·          des décisions  signées par le maitre d’ouvrage qui désigne les commissions de suivis de chaque marché

·          Oui, actuellement nous utilisons la charte du contrôle interne du département de l’Agriculture et la charte régionale du contrôle interne

·          nous travaillons sur l’élaboration d’une charte propre a la DPA pour les marchés publics

·          Le décret des marchés publics 2-22-431

·          CCAG-T et CCAG-EMO

·          La charte du contrôle interne du département de l’Agriculture

·          La charte régionale du contrôle interne

·          Le référentiel COSO II

une formation par année et par agent au profit des agents responsables de la passation des marchés publics et de l’animation du dispositif du contrôle interne

un niveau faible

bien appliquée au niveau de la DPA Essaouira

 

 

Oui, la DPA de Marrakech s’appuie sur la charte du contrôle interne du ministère de l’Agriculture ainsi que sur celle développée au niveau régional

·          décret des marchés publics

·          les cahiers des clauses administratives générales (CCAG-T et CCAG-EMO)

·          les cahiers des prescriptions spéciales (CPS) types

·          la charte du contrôle interne du ministère

·          la charte régionale de contrôle interne

·          le référentiel COSO 2013

Oui, les formations sont organisées au fur et à mesure des réformes ou actualisations réglementaires

phase de structuration et de préparation.

fiches de poste et des fiches d’emploi, permettant de bien définir les responsabilités au sein de chaque service

·          Oui, la DPA de Marrakech se réfère actuellement à la charte du contrôle interne du ministère de l’Agriculture ainsi qu'à celle élaborée au niveau régional

·          une charte spécifique à la DPA, orientée vers la gestion des marchés publics, est en cours d’élaboration

·          le décret des marchés publics

·          les circulaires budgétaires

·          les cahiers des clauses administratives générales (CCAG-T et CCAG-EMO)

·          les cahiers des prescriptions spéciales (CPS) types

·          la charte du contrôle interne du ministère

·          charte régionale de contrôle interne et le référentiel COSO II.

chaque agent impliqué dans la passation des marchés publics ou dans le contrôle interne bénéficie de ces formations

La direction est actuellement en phase de mise en place d’un système de contrôle interne

·          à travers des fiches postes et des fiches emploi qui définissent les responsabilités des collaborateurs dans chaque service

·          des décisions formelles signées par le maître d’ouvrage sont utilisées pour désigner les commissions de préparation des dossiers d’appel d’offre et les commissions de suivi propres à chaque marché

MARRAKECH

 

·          Oui, actuellement nous travaillons avec une charte qui correspond au ministère

·          nous essayons d’élaborer une charte propre a la direction provinciale de l’agriculture

·          le décret n 2.22.431

·          le CCAG-T, CCAG-EMO

·          l’arrêté N1692-23 relatif à la dématérialisation des procédures

·          des documents et des pièces relatifs aux marchés publics

·          le manuelle de procédure du ministère de l’agriculture

·          le dispositif du COSO 2013

·          l’ERM 2017

·          la charte de CI du département de l’agriculture

·          pour les marchés publics nous avons bénéficier des formations organisées avec chaque reforme du décret des marches publics

·          contrôle interne, nous avons assister à un programme de 15 jours reparti sur 2 mois en 2022

niveau moyen

nous disposons des fiches postes pour les responsables et des fiches emplois pour chaque collaborateur

·          La DPA s’appuie actuellement sur la charte du ministère de l’Agriculture

·          des travaux sont en cours pour l’élaboration d’une charte propre à la direction provinciale

·          Le décret n° 2.22.431, CCAG-T (Travaux)

·          CCAG-EMO (Etudes et maitrise d’œuvre)

·          l’arrêté n° 1692-23 relatif à la dématérialisation

·          Le manuel de procédures du ministère

·          le référentiel COSO 2013

·          l’ERM 2017 (Enterprise Risk Management)

·          la charte du contrôle interne du département ministériel

·          pour les marchés publics des formations ont été organisée au fur et en mesure de chaque changement dans la règlementation

·          concernant le contrôle interne, un programme de formation été réalisé, ciblant le renforcement des compétences des responsables de cellules de CI au niveau provinciale

jugé moyen

·          appliqué à travers des fiches de poste pour les responsables et des fiches d’emploi pour les collaborateurs

·          documents soient encore standardisés, des efforts d’adaptation sont entrepris

 

REHAMNA

 

Oui

·          La charte de contrôle interne

·          Le décret royal portant règlement général de comptabilité publique

·          La nomenclature des pièces justificatives des propositions d’engagement et de paiement des dépenses de l’Etat

·          Manuel des procédures des commandes publiques

·          Cahier des clauses administratives générales des travaux (CCAG-t)

·          Cahier des clauses administratives générales des études et maitrise d’œuvre (CCAG-EMO)

·          Cahier des prescriptions spéciales types

·          formations annuels qui s’organisent par le ministère de l’Agriculture pour les nouveaux recrues

·          formations qui s’organisent au fur et à mesure des changements liés à la réglementation des marchés publics

·          le ministère a organisé en 2019 un séminaire sur la thématique de l’harmonisation du dispositif du CI au sein du département de l’Agriculture

·          entre 2021 et 2023 des formations sont organisées sur le CI, le COSO 2013, le management des risques et ERM 2017, dédiés aux directeurs et responsables des cellules de contrôle interne

nous sommes arrivés à appliquer à peu près 70 % des principes du COSO 2013.

niveau moyen dans l’application du principe de séparation des taches

Oui, la Direction Provinciale d’Agriculture (DPA)

·          le CCAG-T

·          CCAG-EMO

·          les cahiers de prescriptions techniques

Oui, des formations sont organisées de manière occasionnelle, notamment pour les chefs de service et les cadres responsables des marchés publics et de la cellule de CI

grand effort en matière d'application des principes de contrôle interne

au niveau de gestion des projets

dans les processus de passation des marchés et de suivi de l’exécution physique et financière

Oui, bien sûr, la DPA travail avec une charte des valeurs et d’éthique

·          Le décret royal portant règlement général de comptabilité publique

·          La nomenclature des pièces justificatives des propositions d’engagement et de paiement des dépenses de l’Etat

·          Manuel des procédures des commandes publiques

·          Cahier des clauses administratives générales des travaux (CCAG-t)

·          Cahier des clauses administratives générales des études et maitrise d’œuvre

·          Nous avons bénéficier de plusieurs formations sur les marchés publics, avec une fréquence d’une formation tous les 4 ans pour les utilisateurs du système GID

·          bénéficier d’une seule formation sur le CI pour les agents de bureau de la comptabilité

·          implication remarquable

·          résistance de quelques-uns

·          niveau d’implication de la DPA est moyen

·          fiches postes pour les chefs de services et les fiches emploi pour les collaborateurs

·          Au niveau du bureau de la comptabilité l’agent qui saisit l’engagement ne valide pas la liquidation

·          le système de gestion intégré des dépenses (GID) qui est géré par la trésorerie général du royaume impose un compte pour chaque utilisateur

Oui, la DPA dispose d’une charte générale des valeurs et d’éthique

·          le décret n°2-22-431 relatif aux marchés publics le CCAG-T

·          le CCAG-EMO

·          les CPS type

·          les RC types

·          les manuels des procédures

·          en 2013

·          en 2016

·          en 2023

niveau moyen

·          Le principe est bien respecté

·          fiches de postes pour les collaborateurs

·          les fiches emploi pour les chefs de services

Source : Analyse sous la base de nos données

Section 2 : analyse quantitative

L’objectif dans cette section est de comparer les performances avant et après l’adoption du contrôle interne dans les DPA de la région Marrakech-Safi à travers des indicateurs opérationnels, de conformité, et financiers.

Le test de Student a permis de comparer les moyennes de chaque variable avant et après l’adoption du contrôle interne. Les résultats montrent que plusieurs indicateurs se sont significativement améliorés, notamment ceux liés à la résiliation des marchés, aux délais, à la conformité et à la traçabilité des procédures, indiquant un impact globalement positif du dispositif.

2.1. Interprétation par axe d’analyse

Analyse descriptive

Variable

 Obs

 Mean

 Std. Dev.

 Min

 Max

Nombre d'appels d'offres infrectueux

40

4.125

4.702

0

20

 Nombre de jours de retard d'exécution

40

114.575

55.559

0

200

 Nombre des marches résiliés (marchés à problèmes)

40

1.925

2.433

0

11

 Nombre de jours moyen de retard de paiement

40

43.25

34.26

0

120

 Taux d'appels d'offres conformes au CPS type

40

.953

.09

.719

1

Taux d'appel d'offres conformes au programme prévisionnel des marchés

40

.883

.131

.4

1

Nombre de rejet phase engagement

40

10.55

14.527

0

63

Nombre de rejet phase paiement

40

35.95

26.72

4

106

 Taux d'appels d'offres respectant le délai de transmission du DAO aux membres de la COP

40

.688

.32

.043

1

 Taux d'ordres de services enregistrés au niveau du registre des marchés

40

.834

.224

.25

1

 Taux d'engagements

40

.987

.013

.935

1

Taux d'émissions (paiement)

40

.542

.136

.291

.776

 Taux de report budgétaire

40

.447

.133

.224

.699

 

Graph : Evolution du nombre d'appels d'offres infructueux

 


Graph : Evolution du nombre de jours de retard d'exécution

 


 

Graph : Evolution du nombre des marches résiliés (marchés à problèmes)

 

Graph : Evolution du nombre de jours moyen de retard de paiement

Graph : Evolution du taux d'appels d'offres conformes au CPS type

Graph : Evolution du taux d'appel d'offres conformes au programme prévisionnel des marchés

 

 

Graph : Evolution du nombre de rejet phase engagement

Graph : Evolution du nombre de rejet phase paiement

Graph : Evolution du taux d'appels d'offres respectant le délai de transmission du DAO aux membres de la COP

Graph : Evolution du taux d'ordres de services enregistrés au niveau du registre des marchés

Graph : Evolution du taux d'engagements

Graph : Evolution du taux d'émissions (paiement)

Graph : Evolution du taux de report budgétaire

2.1.1. Évolution des indicateurs d'efficience opérationnelle avant et après l’adoption du contrôle interne

Le tableau ci-dessous présente l’évolution de plusieurs indicateurs clés liés à l’efficience opérationnelle des Directions Provinciales de l’Agriculture (DPA) de la région Marrakech-Safi, avant et après la mise en œuvre du dispositif de contrôle interne. Cette comparaison repose sur les moyennes observées et les résultats du test de Student, permettant d’évaluer la significativité statistique des écarts. Quatre indicateurs ont été retenus : le nombre d'appels d'offres infructueux, le nombre de jours de retard d'exécution, le nombre de marchés résiliés, et le délai moyen de paiement. Cette analyse vise à vérifier l'hypothèse spécifique SH2 portant sur l'effet du contrôle interne sur l'efficacité et l’efficience opérationnelle.

Tableau : Efficience opérationnelle avant et après l’adoption du contrôle interne

Indicateur

Évolution

Interprétation

Nombre d'appels d'offres infructueux

Baisse (5.40 → 3.36) – Non significatif (p=0.1876)

Bien que le nombre diminue, le changement n’est pas statistiquement significatif.

Nombre de jours de retard d’exécution

Augmentation (106.60 → 119.36) – Non significatif (p=0.4891)

Léger recul opérationnel, mais sans preuve statistique.

Nombre de marchés résiliés

Baisse significative (2.93 → 1.32) – p=0.0406 (5%)

Indique une meilleure stabilité des marchés après le contrôle interne.

Nombre moyen de jours de retard de paiement

Baisse significative (59.47 → 33.52) – p=0.0183 (5%)

Amélioration claire de la gestion des délais de paiement.

Source : Analyse sous la base de nos données

Conclusion opérationnelle : SH2 partiellement validée. Deux indicateurs montrent une amélioration significative.

2.1.2. Évolution des indicateurs de conformité réglementaire avant et après l’adoption du contrôle interne

Ce tableau synthétise l’évolution des principaux indicateurs de conformité au sein des DPA de la région Marrakech-Safi, comparant la période avant et après l’implémentation du dispositif de contrôle interne. L’analyse s’appuie sur des tests statistiques (test de Student) afin d’identifier les évolutions significatives. Les indicateurs portent sur la conformité aux Cahiers des Prescriptions Spéciales (CPS), au programme prévisionnel, aux phases d’engagement et de paiement, ainsi qu’au respect des délais de transmission et d’enregistrement. Cette lecture permet de tester l’hypothèse SH3, selon laquelle le contrôle interne aurait un impact positif sur le respect des règles et procédures en vigueur.

Tableau : conformité réglementaire avant et après l’adoption du contrôle interne

Indicateur

Évolution

Interprétation

Taux d'appels d'offres conformes au CPS type

Hausse non significative – p=0.1322

Amélioration non confirmée statistiquement.

Taux conforme au programme prévisionnel

Hausse significative (78.55% → 94.20%) – p=0.0001

Meilleure planification conforme post-contrôle.

Rejets phase engagement

Baisse – Non significatif (p=0.1127)

Tendance à l’amélioration, mais sans preuve statistique.

Rejets phase paiement

Baisse – p=0.0808 (10%)

Amélioration modérée de la conformité en phase de paiement.

Respect du délai DAO

Hausse significative (52.06% → 78.83%) – p=0.0085

Contrôle interne favorise une meilleure rigueur de procédure.

Ordres de service enregistrés

Amélioration marquée (65.73% → 94.06%) – p<0.0001

Forte amélioration de la traçabilité réglementaire.

Source : Analyse sous la base de nos données

Conclusion conformité : SH3 largement validée, avec 4 indicateurs sur 6 améliorés, dont 3 hautement significatifs.

2.1.3 Évolution des indicateurs financiers avant et après l’adoption du contrôle interne

Le tableau ci-dessous présente la comparaison, à l’aide d’un test de Student, des principaux indicateurs financiers observés au sein des DPA de la région Marrakech-Safi sur les périodes pré- et post-implémentation du dispositif de contrôle interne. Les mesures portent sur le taux d’engagement des crédits, le taux de paiements effectués (émissions) ainsi que le taux de report budgétaire. Cette mise en perspective permet d’examiner la validité de l’hypothèse SH1, selon laquelle un système de contrôle interne efficace améliore la performance financière des organisations publiques.

Tableau : Indicateurs financiers avant et après l’adoption du contrôle interne

Indicateur

Évolution

Interprétation

Taux d'engagements

Stabilité (98.45% → 98.92%) – Non significatif (p=0.2774)

Aucune amélioration marquée.

Taux de paiements (émissions)

Hausse modérée – p=0.1041 (10%)

Amélioration potentielle de la performance financière.

Taux de report budgétaire

Baisse – p=0.1429

Moins de crédits reportés mais non significatif.

Source : Analyse sous la base de nos données

Conclusion générale – Hypothèse Globale (HG)

HG : Le contrôle interne aurait un impact positif sur la performance organisationnelle.

La majorité des indicateurs de conformité s'améliorent de façon significative, accompagnés de quelques améliorations opérationnelles et financières.

HG est globalement validée, surtout par l'amélioration de la conformité, ce qui est cohérent avec la logique du contrôle interne.

Tableau : Résultats du test de Student

Variable

Avant adoption (n=15)

Après adoption (n=25)

Différence

t-value

p-value (bilatéral)

Significativité

Nombre d'appels d'offres infructueux

5.40

3.36

+2.04

1.34

0.1876

Non

Nombre de jours de retard d'exécution

106.60

119.36

-12.76

-0.70

0.4891

Non

Nombre de marchés résiliés

2.93

1.32

+1.61**

2.12

0.0406

** (5%)

Nombre de jours moyen de retard

59.47

33.52

+25.95**

2.47

0.0183

** (5%)

Taux d'appels d'offres conformes (1)

92.48%

96.94%

-4.44%

-1.54

0.1322

Non

Taux d'appels d'offres conformes (2)

78.55%

94.20%

-15.65%***

-4.44

0.0001

*** (1%)

Nombre de rejets phase engagement

15.27

7.72

+7.55

1.62

0.1127

Non

Nombre de rejets phase paiement

45.47

30.24

+15.23*

1.79

0.0808

* (10%)

Taux d'appels d'offres respectant...

52.06%

78.83%

-26.77%***

-2.78

0.0085

*** (1%)

Taux d'ordres de service enregistrés

65.73%

94.06%

-28.33%***

-4.87

<0.0001

*** (1%)

Taux d'engagements

98.45%

98.92%

-0.47%

-1.10

0.2774

Non

Taux d'émissions paiement

49.68%

56.89%

-7.21%*

-1.67

0.1041

* (10%)

Taux de report budgétaire

48.70%

42.29%

+6.41%

1.50

0.1429

Non

Source : Analyse sous la base de nos données

Note : *** = Significatif à 1% (p < 0.01), ** = Significatif à 5% (p < 0.05), * = Significatif à 10% (p < 0.10)

 

2.2. Analyse des résultats

2.2.1. Contexte

Le contrôle interne est défini par le COSO[1] comme un processus mis en œuvre par le management pour fournir une assurance raisonnable quant à la réalisation des objectifs en matière d’efficacité des opérations, de fiabilité de l’information financière, et de conformité aux lois et règlements (COSO, 2013).

2.2.2. Impact sur la gestion opérationnelle (SH2)

Les indicateurs opérationnels montrent une amélioration modérée : une baisse significative du nombre de marchés résiliés (p=0.0406), et du retard moyen de paiement (p=0.0183).

Toutefois, aucune amélioration significative pour les appels d’offres infructueux ou les retards d’exécution.

Ces résultats sont cohérents avec les travaux de (Moeller, 2011), qui soutient que le contrôle interne contribue à limiter les dysfonctionnements dans les processus opérationnels en introduisant des mécanismes de suivi et d’évaluation.

Toutefois, comme le soulignent (Lakis & Giriūnas, 2012), l’impact du contrôle interne dépend de son niveau de maturité et d’adhésion des agents, ce qui pourrait expliquer les améliorations partielles.

2.2.3. Impact sur la conformité réglementaire (SH3)

Les indicateurs de conformité montrent les effets les plus significatifs. En effet, les taux d'appels d'offres conformes au programme prévisionnel : amélioration forte (p=0.0001)Respect du délai de transmission du DAO (p=0.0085) et taux d’ordres de service enregistrés (p<0.0001) : fortement significatifs. On note aussi une baisse modérée des rejets phase paiement (p=0.0808). Ces résultats confirment que le contrôle interne renforce les pratiques conformes aux normes et procédures (INTOSAI, 2004; Kaplan, 2010). Aussi, selon (Arens & al., 2017), les contrôles internes efficaces garantissent un respect rigoureux des processus administratifs et réduisent les erreurs ou fraudes dans l’exécution des marchés publics.

2.2.4. Impact sur la gestion financière (SH1)

Les indicateurs financiers montrent des effets limités :

·         Légère amélioration du taux de paiement (p=0.1041).

·         Aucun effet significatif sur les taux d’engagements ou de report budgétaire.

Cela rejoint les constats de (Skærbæk & Tryggestad, 2010) selon lesquels les mécanismes de contrôle interne produisent des effets plus tardifs sur la performance budgétaire, nécessitant un cycle budgétaire complet pour être pleinement perceptibles.

Hypothèse Générale (HG)

Le contrôle interne aurait un impact positif sur la performance organisationnelle.

Les résultats démontrent des effets marqués sur la conformité, modérés sur l’opérationnel, et limités sur la performance financière. Cette configuration valide partiellement HG, avec une nette confirmation pour la dimension réglementaire. Elle corrobore les apports de (Simons, 1995), pour qui le contrôle interne fonctionne comme un système de leviers qui, bien mis en œuvre, oriente les comportements organisationnels vers la performance.

Section 3 : Analyse croisée des résultats qualitatifs et quantitatifs

Cette section tisse explicitement le lien entre les tests statistiques réalisés (test de Student sur 15 années indicateurs) et les données d’entretiens codées dans NVivo selon les cinq composantes COSO (2013). Elle dégage les déterminants qui expliquent les écarts entre DPA et propose des orientations stratégiques ciblées.

3.1. Synthèse des principaux résultats par axe

3.1.1. Performance opérationnelle

Au plan quantitatifs on note une amélioration significative du nombre de marchés résiliés (p=0.0406) et du délai moyen de paiement (p=0.0183) mais pas d’effet significatif sur les appels d’offres infructueux ou les retards d’exécution.

Au plan qualitatifs, les DPA les plus matures (Safi, Rehamna) ont mis en place des procédures formalisées et des outils de suivi (Excel, GID), expliquant en partie les progrès observés.

Aussi, les retards persistants pourraient s’expliquer par des facteurs externes (aléas climatiques, lourdeurs administratives) non maîtrisés par le contrôle interne.

 

Tableau : Synthèse croisée des indicateurs d’efficience opérationnelle, enseignements qualitatifs et actions correctives

Indicateur

Variation quantitative

Faits qualitatifs saillants

Lecture intégrée

Recommandation immédiate

Marchés résiliés

−1,61 (p = 0,0406)

Safi & Rehamna : procédures formalisées + suivi Excel/GID.

La formalisation réduit les litiges.

Étendre la matrice « Suivi des litiges » à toutes les DPA.

Délai moyen de paiement

−25,95 j (p = 0,0183)

Double contrôle comptable (Safi) ; alertes Trésorerie (Rehamna).

Traçabilité ↔ accélération de la chaîne de dépense.

Généraliser l’alerte automatique sur GID à J‑20 avant échéance.

Appels d’offres infructueux

−2,04 (NS)

Planification encore artisanale (Essaouira, Marrakech).

Effet CI neutralisé par aléas climatiques & prix volatils.

Mettre en place un module de pré‑diagnostic de marché avant AO.

Retards d’exécution

+12,76 j (NS)

Conditions climatiques et retards d’ordres de service (Chichaoua).

Facteurs exogènes dominants.

Instaurer des clauses pénales adaptées & réunions de lancement chantier.

Source : Analyse sous la base de nos données

 

Conclusion opérationnelle : SH2 partiellement validée ; 2/4 indicateurs s’améliorent de façon significative. L’effet positif est conditionné par la formalisation et la traçabilité.

3.1.2. Conformité réglementaire

Sur le plan quantitatifs on a obtenu une ausse significative des taux de conformité aux programmes prévisionnels (p=0.0001), des délais de transmission du DAO (p=0.0085) et de l’enregistrement des ordres de service (p<0.0001).

Pour ce qui est qualitatifs, les DPA comme Safi et Essaouira ont adopté des outils informatiques (portail des marchés publics) et des formations ciblées, alignées sur les référentiels COSO.

La standardisation des procédures (CPS types, double contrôle) a renforcé la traçabilité, comme le soulignent les entretiens.

Tableau : Synthèse croisée des indicateurs de conformité réglementaire, enseignements qualitatifs et actions correctives

 

Indicateur

Variation quantitative

Faits qualitatifs saillants

Lecture intégrée

Recommandation immédiate

Conformité programme prévisionnel

+15,65 pts (p = 0,0001)

Portail MP + formations ciblées (Safi, Rehamna).

Digitalisation ↔ planification robuste.

Rendre le portail MP obligatoire pour toute mise en concurrence.

Respect délai DAO

+26,77 pts (p = 0,0085)

Check‑lists & CPS types (Marrakech, Chichaoua).

Standardisation ↔ rigueur procédurale.

Déployer un workflow électronique de validation DAO.

Ordres de service enregistrés

+28,33 pts (p < 0,0001)

Registres électroniques + cahiers navette.

Traçabilité maximale.

Intégrer l’OS dans le Système d’Information Projets (SIP).

Rejets phase paiement

−15,23 (p = 0,0808)

Résistances culturelles (Essaouira).

Amélioration modérée.

Coaching terrain & sensibilisation anti‑rejet.

Source : Analyse sous la base de nos données

 

Conclusion conformité : SH3 largement validée ; 3 indicateurs sur 4 montrent une progression forte et significative.

3.1.3. Performance financière

Au plan quantitatifs on a des effets limités avec une légère amélioration des paiements (p=0.1041), mais pas d’impact sur les engagements ou les reports budgétaires.

Sur le plan qualitatifs, les DPA avec des comités de pilotage actifs (Safi, Rehamna) montrent une meilleure maîtrise des risques financiers.

L’absence d’automatisation des contrôles dans certaines DPA (Marrakech, Essaouira) limite l’efficacité financière.

Tableau : Synthèse croisée des indicateurs de performance financière, enseignements qualitatifs et actions correctives

Indicateur

Variation quantitative

Faits qualitatifs saillants

Lecture intégrée

Recommandation immédiate

Taux de paiement

+7,21 pts (p = 0,1041)

Comités actifs (Safi, Rehamna) ; reporting mensuel.

Gouvernance ↔ amélioration potentielle.

Lier primes des chefs de service à la réduction des restes à payer.

Taux d’engagement

−0,47 pt (NS)

Absence d’outils temps réel (Marrakech, Essaouira).

CI encore manuel.

Installer un dashboard budgétaire temps réel au niveau régional.

Taux de report budgétaire

−6,41 pts (NS)

Faible maîtrise du calendrier budgétaire.

Effet CI différé.

Programmer un cut‑off trimestriel des crédits.

Source : Analyse sous la base de nos données

 

Conclusion financière : SH1 faiblement validée ; l’impact se matérialise surtout sur le taux de paiement et demande une digitalisation intégrale du suivi budgétaire.

3.2. Croisement des déterminants clés

3.2.1. Facteurs de succès

Concernant la formalisation des procédures, les DPA avec des documents de référence (Safi, Chichaoua) et des fiches de poste claires affichent de meilleurs résultats en conformité.

C’est le cas par exemple de la réduction des marchés résiliés à Safi est corrélée à l’usage systématique de matrices Excel pour identifier les risques.

On a noté aussi à cet effet une implication managériale (directions & comités) car les DPA où la direction supervise activement les contrôles (Safi, Rehamna) voient une meilleure adoption des pratiques.

Il y’a un contre-exemple : À Essaouira, l’absence de comité local explique les retards dans la mise en œuvre.

Sur la formation et outils technologiques, les DPA utilisant des plateformes dématérialisées (portail des marchés publics) et organisant des formations régulières (Safi, Marrakech) améliorent leur conformité.

3.2.2. Freins identifiés

Deux freins majeurs ont été identifié dans le cadre de notre analyse. Tout d’abord la résistance culturelle à Marrakech et Essaouira, les répondants évoquent des réticences à appliquer les contrôles, limitant leur impact.

Aussi la manque de ressources avec les DPA ayant des effectifs réduits (Chichaoua) peinent à instaurer des contrôles systématiques.

3.3. Implications stratégiques

3.3.1. Pour les DPA

Concernant les DPA, nous avons identifié 3 priorités à savoir :

·         La généralisation des outils de suivi informatisés (tableaux de bord, GID) pour améliorer la transparence ;

·         Le renforcement des formations sur les risques et la conformité, en ciblant les agents opérationnels ;

·         La création des comités de pilotage décentralisés pour impliquer les directions locales.

 

Tableau : Synthèse croisée des priorités pour les DPA

Horizon

Action

KPI de suivi

< 12 mois

Déployer un GID complet + tableaux de bord

% d’engagements suivis en temps réel

12‑24 mois

Former 100 % des agents marché & CI (e‑learning + coaching)

Score moyen aux quiz post‑formation

24‑36 mois

Institutionnaliser des comités locaux CI (réunions semestrielles)

Nombre de PV de comité / an

Source : Analyse sous la base de nos données

3.3.2. Pour les politiques publiques

Nous avons identifié deux politiques publiques qu’on peut implémenter au niveau des DPA à savoir :

·         L’harmoniser les pratiques via un référentiel commun inspiré du COSO, comme suggéré par (INTOSAI, 2010) ;

·         L’allocation des budgets dédiés à la digitalisation des contrôles dans les DPA les moins équipées.

3.4. Limites et perspectives

Cette recherche n’échappe pas à certaines limites : d’une part, la taille réduite de l’échantillon (12 répondants) restreint la portée des généralisations, et, d’autre part, l’absence de données longitudinales ne permet pas d’isoler l’effet temporel du contrôle interne. Pour dépasser ces contraintes, il conviendrait d’élargir le champ d’analyse à d’autres régions afin de comparer les dynamiques territoriales et, surtout, de recourir à des méthodes mixtes combinant enquêtes quantitatives et entretiens approfondis, susceptibles d’affiner et de trianguler les conclusions. Malgré ces réserves, l’analyse croisée révèle un impact différencié du contrôle interne : marqué sur la conformité – grâce à la formalisation des procédures –, plus modéré sur la performance opérationnelle, notamment la gestion des délais, et encore limité sur la performance financière, dont les effets se déploient à plus long terme. Ces disparités entre DPA rappellent enfin la nécessité de contextualiser les dispositifs de contrôle interne, en tenant compte des spécificités locales et des ressources disponibles, pour garantir leur pleine efficacité.

Le tableau ci-après propose une vue d’ensemble, par Direction Provinciale de l’Agriculture (DPA), des principaux enseignements tirés de la confrontation des analyses qualitative et quantitative. Pour chaque DPA, il fait ressortir : (i) les « Forces » – leviers internes identifiés (formalisation des procédures, instances de pilotage, référentiels adoptés, etc.) ; (ii) les « Faiblesses » – obstacles persistants (manque d’outils, effectifs restreints, résistances culturelles) ; (iii) l’« Impact CI » – degré d’influence global du contrôle interne, codé de ± (faible) à +++ (très fort) et ventilé selon la dimension de performance la plus touchée (conformité, opérationnel ou global). Cette synthèse visuelle permet ainsi de comparer, en un coup d’œil, la maturité relative des dispositifs de contrôle interne et leurs effets observés au sein des cinq DPA étudiées.

Tableau : Synthèse des impacts du contrôle interne par DPA

DPA

Forces

Faiblesses

Impact CI

Safi

Procédures formalisées, comité actif

Outils technologiques à améliorer

+++ (Conformité)

Rehamna

Formation, reporting

Résistances internes

++ (Opérationnel)

Marrakech

Référentiels COSO

Manque d’outils

+ (Conformité)

Essaouira

Démarche éthique

Absence de comité local

± (Faible impact global)

Chichaoua

Documentation

Effectifs limités

+ (Conformité partielle)

Source : Analyse sous la base de nos données

 

Conclusion du chapitre

L’analyse croisée confirme que le contrôle interne constitue un levier différencié de performance :

Conformité réglementaire – impact fort : la formalisation des procédures, la standardisation des CPS types et la digitalisation (portail des marchés publics, workflows DAO) génèrent des gains statistiquement significatifs, validant largement l’hypothèse SH3.

Efficience opérationnelle – impact modéré : la baisse des marchés résiliés et des délais de paiement montre que la traçabilité et le double contrôle portent leurs fruits, mais l’absence d’effet sur les retards d’exécution rappelle le poids de facteurs exogènes (aléas climatiques, lourdeurs administratives). L’hypothèse SH2 n’est donc que partiellement confirmée.

Performance financière – impact encore limité : l’effet positif n’apparaît que sur le taux de paiement. L’automatisation incomplète, le pilotage budgétaire manuel et le cycle long des dépenses publiques freinent la validation pleine de l’hypothèse SH1.

Au-delà des écarts entre DPA, trois leviers stratégiques se dégagent :

·         généraliser les plateformes de suivi informatique et les tableaux de bord temps réel ;

·         renforcer les formations ciblées sur la gestion des risques et la conformité ;

·         institutionnaliser des comités locaux de pilotage pour ancrer la culture contrôle interne.

Ces résultats appellent enfin à élargir l’étude à d’autres régions et à un suivi longitudinal, afin de tester la pérennité des effets observés et de consolider la montée en maturité des dispositifs de contrôle interne dans l’ensemble du secteur agricole marocain.

 

 

Bibliographie

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[1] Committee of Sponsoring Organizations of the Treadway Commission

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